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Le rôt ment

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Le rôt ment
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14 octobre 2007

Reprise...

2

Dimanche, 3H00,

 Un feu tricolore, face au périph et à l'A6,

Porte d'Orléans, Châtillon (92):

 priph

images

Merde, vert!
En plus, y' a des caisses qui passent.
Aucun espoir que mon pouce tendu les attendrisse, ces connasses de caisses.
Leurs conducteurs sont trop... hips... pressés de rentrer bien au chaud, dans leur banlieue. Ils sont trop effrayés par un auto-stoppeur à cet endroi là, à cette heure-ci, ces pédés. P'tete qu'y croient que je  fais le trottoir?
Non, pas possible pas moi... hips...
Quoi que… Je dois avoir la gueule toute cassée, hips...
Mais, moi aussi, je veux rentrer chez moi, tranquille, siroter un dernier verre avant de me pieuter
. S'... hips... vous plaît, prenez-moi!
Cool!... hips...Ca  passe enfin au rouge... Attendons une caisse immatriculée 91!

C'est une R21 Laguna qui exauce le souhait de Frédéric qui, frénétiquement, pas aidé, il faut le dire, par sa mouvementée et arrosée soirée, s'approche d'elle.
Il se positionne face à la vitre et la face d'un honnête gens quelconque en costume cravate, cheveux grisonnants et lunettes carrées. Celui-ci se demande ce que lui veut cet énergumène à l'aspect repoussant et dans quel traquenard il est tombé.

Avec toute cette  insécurité!
Alors, que le conducteur entrebaisse sa vitre, Fred se lance dans sa litanie, débitée à Vitesse  grand V, sans respirer :

«Excusez-moidevousdéranger, hips Monsieur, jesuisdésolé, hips, maisvousn’allez pas vers MassyAntonyOrsay PalaiseauBuresGifVillebon, parhasard, hips siouplaîtmerc..hips...»

Dommage pour lui, mais le feu a été plus rapide que son flot de parole.
La Laguna
s’évanouit dans les profondeurs du périph…
Salaud… Hips… T’aurais pu… hips… compatir…
'Culé !

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30 août 2007

Patience

Mon autre blog me prend du temps...
Les vacances se sont passées...
Mon ordi a planté....
Il a fait beau....
Il a fait moche...
J'ai aussi une vie réelle sans virtualité....
Parfois la flemme....
Des fois l'oubli...
"Je m'y remets demain...."
"Ce soir c'est bon..."
Etc etc...
Mille raisons de ne pas continuer...
Mille raisons de s'y remettre...
Patience...
Bientôt la suite...
Enfin s'il y en a que ça intéresse....
Et puis non, même s'il y en a pas...
Un article par mois?
Je ne sais pas?
Je verrais...
Tu verras ou pas...
Bref on verra, en tous cas
LE RÔT-MENT ne s'arrête pas....
Il prend son temps...
A bientôt donc....

Sans_titre_1

8 juillet 2007

Désolé pour le retard... la suite...

Dimanche, 3h00,

avenue du Général Leclerc,

Paris XIV:

kebab

Bon prince, Paul, a défaut d'avoir eu l'occasion de payer son coup, a offert son grec.
IIs se sont donc finis, naturellement comme trop souvent, sur un comptoir graisseux, à avaler un grec-frites-salade-oignons-sauce piquante, au grand regret de Tim, qui peste dans la voiture:

" Je le savais, j'aurais mieux fait de prendre sauce blanche. L'harissa me nique le bide!

-Tavaika demander sauce blanche" lui conseille (en retard) Paul.

"T'es dingue ou quoi, tu ne sais pas ce qu'y font avec? Y crachent dedans. Parce qu'y a que les blancs qui en bouffe, c'est connu!

- T’hallucines !, estime Paul.

" Fais chier! Rouge! » tranche Julien, moins préoccupé par la discussion gastronomique de ses potes, que par la présence, au cul de sa voiture, d'une Renault 11, décorée aux couleurs de la police nationale, et qui vient de
se mettre dans la file de gauche au feu.

Et ça ne loupe pas: le feu passe au vert, la police double, met son gyrophare, se rabat devant la BX et la force à s'arrêter.

Leur manoeuvre accomplie, un des deux policiers, descend, s'approche d'un Julien qui rouspète intérieurement en baissant sa vitre:

" Bonsoir Messieurs. Police, Contrôle du véhicule: papiersiouplaît."

Le fonctionnaire va procéder a une "vérification informatique de routine", tandis que son partenaire faitle tour de la voiture avec sa mac-ligth.:

"Le propriétaire peut venir m'ouvrir le coffre!"

Julien enlève sa ceinture, sort et s'exécute.

Le battant, soulevé par ce dernier, laisse apparaître un sérieux bric-à-brac de bidons, couvertures, emballages de gâteaux, vieilles chaussures boueuses, piquets de tente, mêlés pêle-mêle a des chaussettes noircies de crasse , un guide de la route "Sélection du Reader digest" totalement ruiné. Mais aussi, d’autres ustensiles peu utiles et peu recommandables, quoique tout à fait légaux.

Le flic est surpris et déçu.

T'espérais dénicher un stock de kalachnikov ou mieux une bonbonne de gaz reconvertie en bombe,ou quoi?

Pas de pot, t'as pas arrêté un terroriste, mon vieux.

Julien referme le capot, récupère ses papiers, rejoint ses potes dans la voiture qu'ils n'ont pas quitté. "

Bonsoir, Messieurs, Merci. Bonne soirée. Excusez du dérangement!"

Dans la Citroën qui redémarre, Paul, se marre:

" Ah, les cons... Ils ne nous ont même pas fouillé, heureusement, vu la beuh que j'ai..

- Moi aussi, j'ai du shit sur moi" annonce Julien.

" Moi aussi" répète Tim.

"Sérieux, ils sont polis, les keufs de nos jours, ça fait tout zarbi de les entendre dire

des mots tels que " Merci", "Messieurs", "Excusez"!

- C'est parce qu'on n' a pas des gueules de cailleras, ils nous laissent tranquille, simple contrôle de routine. On n'est pas des délinquants!" conclut Paul.

040910_police_jeune



24 juin 2007

Dimanche,2H30,une gare de Bus,Porte

Dimanche,
2H30,
une gare de Bus,
Porte d'Orléans,
Paris XIV:

Assis, sur un banc Decaux, l'esprit absorbé et inspiré par une affiche publicitaire pour n'importe quoi, représentant un mannequin à moitié à poil, Fred finit la bouteille de whisky-coca, celle qu’il a taxée au jeunes. Il fume également une clope roulée qu'il lui ont gentiment dépanné.
Puutaiiin, elle est bonnneuh, la meuuuf.
De ces seins....
De ces jambes...
Et ce joli petit regard qui me fixe!
C'est beau, la vie.
Un verre, une femme...
Que peut-il manquer à un homme?
Bon, pour les femmes ,tu repasseras, mon pauvre vieux....

Joli bouteille, sacré bouteille...
C'était quoi déjà la chanson, je ne m'en souviens foutre pas....
Allez, une gorgée pour la route.

A ta santé, ma belle...

Dimanche 2h25,
un appartement
transformé en refuge de jeunes drogués branchés
en panne de rave,
Paris XVII:


Gérons la situation! Gérons l'ingérable!
Vas-y, Sam, trouve une parade! Réfléchis, analyse, agis. Merde, vieux!
Y sont tous fracassés, et voila qu'il en arrive encore...
Heureusement, Kristina ne devient pas hystérique. Ca la fait plutôtt rire, au moins, c'est cool, de ce côté.
Par contre, je n'aime pas ne pas finir ce que j'ai commencé, et c'est mal barré pour la continuation de la partie de jambes en l'air, dans la quiétude...
La musique est tellement forte que je ne m'entends pas penser...
J'espère que les voisins ne vont pas appeler les keufs.
Manquerait plus que ça...

17 juin 2007

et on rattrape le retard...

Dimanche, 1h45,
Boulevard Brune,
Paris XIVème:

Fred est heureux. Tout à l’heure, devant la Poste, il a rencontré d'autres galériens comme lui. Pas des violents, ni même des violentés.

Ils avaient une demi-bouteille d'eau remplie de whisky coca en leur possession.

Fred, les a accostés, et, a eu plus de chances qu'à sa dernière tentative de communication vers des jeunes.

Il les a apitoyés avec son histoire: la caisse confisquée, le rendez-vous foiré, l'errance éthylisée, la traversée verticale de Paris, le passage à tabac-dépouillage,...

Ils ont succombé à sa requête: lui lâcher le fond de leur bouteille cocktaillée, pile à sa taille, comme faite, specialy pour lui.

Ô dieu des buveurs, tu es mon seigneur!

angetbuveur03

Dimanche 2h00,
chez Kristina,
Paris XVIIème:

Chose promise, chose due. Sam et Kristina se donnent à fond dans toutes les positions, depuis près de deux heures maintenant. Un vrai marathon charnel, marqué de courtes pauses, propices a l'inspiration. Et hop la, play it again! Enjoy it!

Ils sont précisément, dans la salle de bain, dans la vapeur de l'eau chaude qui coule dans évier et baignoire, en train de mettre au point une brouette nippone mêlée à un soupçon de jardinier turc, lorsque des bruits de voix, bientôt recouverts par de la techno hardcore et des meubles qui semblent être déplacés, leur parviennent

Abandonnant leurs ébats équilibristes, se rhabillant a la gagedé avec ce qu'ils (re)trouvent sur place, ils sortent de la salle de bain et tombent nez à nez avec une Svetlana, à quatre pattes sur la moquette, en train de parler à un bibelot posé sur une table basse.

Plus loin, toujours dans le couloir, c'est quelqu'un que Sam ne connaît pas, qui fixe éperdument le  plafond.

Dans la cuisine, ils surprennent une jolie blonde, en pleine discussion philosophique sur"l'intuition animiste et sexualisée du feu" avec le robinet de l'évier, et un mec tout percé et tatoué.

Et dans le salon, un petit microcosme de la scène raveuse parigote, composé de 3 ou 4 personnes, danse machinalement, robotiquement dans cette pièce aménagée en dance-floor. Parmi eux, Steph et Anhèle.

C'est tout juste, si Steph, les entrevoit, puis finalement, les voyant statufiés, a demi-nus, il s'approche d'eux et les informe que "la free a été annulée par ce con de Préfet. Il parait qu'ils ont confisqués du matos, les poulets".

Il leur explique le pourquoi du comment de cet arrivage d'une dizaine de fêtards dans l'appartement.:

"C'est Ange et Svet qu'ont proposé! V'nez, on va continuer a l'appart...

Yéhhhh,… j'suis tout pouilledé, moi. J' ai pris des champignons, plus un exta. J'suis en totale montée: wouhouohuouhou!"

Il va pour repartir danser, quand il leur précise:

"Si vous voulez des queutrus, va y avoir moyen. D'autres teufeurs doivent passer. Et la, trips, speed, ecstazys , deprou... Y'aura de tout!

Y' même un dj qui va peut-être venir mixer...

Cette nuit: c'est freeeeee!"

Les deux amoureux dérangés vont se réfugier dans la chambre, mais elle est bientôt envahie, à son tour, par des hallucinés errants, heureux de pouvoir squatter ce lieu.

Ils s'enferment dans une autre. Ouf, sauvés!

Steph, sollicité par quelqu'un qui n'arrivait pas a ouvrir "cette putain de porte réfractaire", vient, à coups de tournevis, de débloquer le verrou et ainsi présenter, à nos lovers dérangés, de nouveaux arrivants, encore plus perchés que du linge mouillé.

Leur mental est au niveau d'un sèche linge tournant a 90°. J'vous laisse imaginer la scène! L'étudiant attardé et sa conquête, la cinéphile danoise, ne savent plus ou quoi faire, ni même où se réfugier.

Même pas dans les toilettes, y trop de passage!

lsd_trip

    Dimanche 2h15,
Une BX
Une rue en pente et vivante,
près de République,
Paris XIème:

" Hé bien, les gars, on peut dire que vous avez pété un câble. C'est vraiment n'importe quoi de se prendre la gueule avec les vigiles. C'est toujours ces bâtards qui ont le dernier mot. Ah, les bâtards!" déplore Julien en enlevant le frein à main.

" T'as raison, Djule" constate Paul, en refermant la portière. "Démarre, on s'taille!

-Et toi, kesta foutu?" se renseigne Tim à l'adresse d'un Julien, qui finit savoureusement un fond de 1664 tout en maintenant le volant à l’aide de ses genoux.

"T'es rentré dans le machin, ou quoi?

- Kestukrois?" répond Julien.

- Trop facile, en plus le dj c'était mon leur-di, alors, j'suis rentré sans blèmes..

- Kestufous alors dehors?,jette Paul.

" Ben, je me suis fait virer. J'ai trop pris la confiance, attrape Julien qui passe à Tim qui relance:

- Kessetafai s comme connerie?",'Tim repasse a Julien:

- Ben, j'ai scotché des minchs', et puis, j'ai accédé a leur demande jointophile... J'ai roulé un pet, et pas de chances, au moment où a meuf, qui l'avait allumé, le pétard, et moi aussi un peu, d'ailleurs... Super jolie, brunette,...

- Abrège!, le dribble Paul, et le voila qui se fait lui-même dribbler par Tim:

- Laisse-le finir." Et voici Tim qui réalise ainsi une superbe passe à Julien qui la réceptionne a merveille:

- Ben, juste quand elle me passe le pet de beuh, v'la un « oreillette-costaud-man » qui me tape sur l'épaule et qui me conduit jusqu'à la sortie, en me promenant gentiment, mais assurément, par le colback.

Il me propulse a l'extérieur et m'informe poliment, mais convainquement que "la présence de drogues est interdite dans l'établissement.", et qu'en plus d'avoir un odorat bien aiguisé ("elle sent fort ton herbe!"), il est physionomiste, qu'il n'avait jamais vu ma sale tronche auparavant mais que dorénavant, il s'en souviendra, qu'il....

- Bref, tu t'es fait tèj', comme nous, intercepte d'un coup Paul.

- On tous eu un rapport humain chaleureux avec des mecs sans cerveau, récupère, habilement, Tim par une litote de son cru (elle vaut ce qu'elle vaut).

- Saleté de société sécuritaire!, poursuit Julien qui effectue, ainsi une passe fulgurante et décisive à Paul qui, lui, est bien parti pour concrétiser, voila, voila, il va y aller, vas-y Paul:

-Sans-papiers, sans-soirées, SOLIDARITÉ!

- Non à l'oppression! Oui a la libre-circulation!, marque, brillamment et revendicalement, Paul, sous les applaudissements, provenant de la fin d'un morceau live a la radio, allumée par Julien.

Le jingle indiquant que c'est la nuit sur Radio Nova et le début d'un morceau acid houle escortent la BX qui dévale les rues parisiennes à faible allure.

Le conducteur se laisse guider par une circulation pourtant très réduite.

Il essaie de s'arrêter le moins possible aux feux, soit en accélérant pour forcer le passage à l'orange sanguine, « pile avant le rouge », soit, au contraire, en décélérant, laissant la voiture glisser au point mort jusqu'a ce que la lumière verdisse....

" Et maintenant? On va où, maintenant?" dit enfin Paul.

" J'en sais rien, tu nous emmerdes, rétorque Julien, et après un silence:

- On n'est pas bien... Paisibles… A la fraîche...

Décontractés du gl...

- Décontractés de rien de tout!, coupe Tim, depuis sa banquette arrière.

J'sais pas ce que vous avez les gars. Faut pas vous la jouer, là!

Oh! On n'est pas au ciné! C'est pas la peine de reprendre les dialogues de la scène finale des Valseuses.

J'sais pas si, avec vos plans foireux, vous vous prenez pour Depardieu et Dewaere!?

Mais moi, c'est sûr, et il hausse la voix, comme pour crier:

J’SUIS PAS MIOU-MIOU !!

miou_miou_les_valseuses

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2 juin 2007

Dimanche, 1H30, dans le Cyttébéh: Sur la piste de

Dimanche, 1H30,

 dans le Cyttébéh:

Sur la piste de danse, blindée, débordante de danseurs et de danseuses de tout poil se trémoussant au rythme d'un morceau funky, bouteille de 1664 dissimulée sous son blouson, Julien mouve son body assidûment.

Tout à l'heure, dehors, il se demandait, encore, comment entrer dans la place, tout en discutant avec une nana et ses copines sur le thème récurent de: "Paris la nuit, est-ce fini'? Qu'est devenu le bon esprit d'antan? Plus rien n'est plus comme avant! T'as pas un joint a rouler?"

Stimulé par cette féminine demande, totalement de circonstance, il s'exécuta en entamant, puis, finissant, deux autres grandes bières, aidé dans sa tâche par les nanas taxeuses de joints.

Il venait de passer le tarpé, de jeter sa troisième binouse, quand il aperçu une silhouette familière sortir du Cyttébéh. Il héla, et son dealer, DJ Nyde, Denis, se retourna.

Coïncidence intéressante. Il venait ici pour mixer. Il était le dernier dj programmé. Et la, il faisait juste un aller retour vite-fait à son Express chercher une caisse de skeuds.

Profitant de l'occasion, en bon opportuniste, Julien donna un coup de main à Denis et franchit, sans encombre, sans un regard de la part des videurs, le perron du club et puis voila.

Remerciements réciproques, il posa les disques, le djealer disparut derrière sa cabine.

Bon, ils sont où, ces cons. Regardons au bar, que dalle! Dans la salle, à une table? Non! Quoi?! Et sur la piste? Ils danseraient?

Non, personne, non plus dans les toilettes à rouler des beuzes! Chelou, y sont pas rentrés!

Y' a plus qu'a attendre et danser!

Et il est dans le délire, la musique est bonne, les filles aussi.

Tiens, elles sont où les gonzesses de l'entrée? Elles sont là-bas, dans un coin, assises. Merde, y a 2mecs avec elles! Tant pis, je suis chaud ce soir, en plus je connais le dj, hein les filles! Allez, j'y vais! Bon, comment y font Sam et Fred pour draguer?

Faudrait que j'ai le culot de Fred et le talent de Sam! Et à moi, les petites parisiennes!

C'est décidé, je vais taper la discute avec elles. Surtout ne pas dire de conneries. Enfin, si mais des drôles, pas a mon insu. Des drôles exprès.

Allez. Julien. motive-toi!

Elles regardent vers moi, je sourie. Elles sourient. Ok, go... Mais c'est qui ces mecs? Leurs keums? De toutes façons elles sont trois, ils sont deux....

"Il assure le dj, non? Vous trouvez pas, c'est dj Nyde, avec lui c'est ni une, ni deux "

Julien aime à espérer que le blanc et les regards interloqués de son auditoire sont dus a une musique bruyante qui aurait recouverte le sens comique de sa blague d'amorce...

Mais, non. Ils me prennent pour un bouffon. Faut que je récidive... Le culot de Sam, le talent de Fred.

Non, je m'embrouille. Le talent de Sam et le culot de Fred.

Sauf que moi, c'est Julien....

26 mai 2007

...

Dimanche, 1H20,

pas loin de Porte de Vanves,

Paris XIV:

Un peu remis de ses émotions, ayant quand même un peu mal partout (il a du prendre, aujourd'hui, un peu moins d'une bonne trentaine de coups aussi bien a boire que de pieds), Fred est, maintenant, rendu a Porte de Vanves, entre le pont du Périph et la station de métro éponyme.

Il a été déposé ici par un serviable chauffeur de taxi qui a bien daigné le prendre en stop.

Mortel, un tacot qui me prend en peu_sto! Plutôt rigolo! Merci gars!

Bon, Fredo, reviens au top niveau!

Objectif: aller se coucher!

Moyens: auto-stop!

Lieu possible: Porte d'Orléans entre périph et N20. Itinéraire conseillé: longer les boulevards Extérieurs. Maréchaux, me voila!

Tiens, maintenant que j'ai les idées claires, je boirai bien un truc, moi...

19 mai 2007

Come back...

Dimanche, 1h05,

à l'entrée du Cyttébéh:


STOP! Demi-tour, les gars. C'est complet ce soir! Au revoir!"

Voila l'unique réaction suscité par le "bonsoir" déterminé mais timide de Tim et Paul. Mais les deux amis, ne s'estiment pas vaincus pour autant.Ils entreprennent une phase de négociations, ils tentent les pourparlers devant des vigiles, irrités par un acharnement qu'ils ne comprennent pas et prennent pour une atteinte à leur personne.

Nombre de videurs sont des vidés reconvertis. Marre de se faire refuser l'entrée des boîtes! Refusons les autres à notre tour. La psychanalyse a de beaux jours devant elle avec ce type de réactions humaines.

Mais pour l'heure, délaissons l'ami Freud et ses potes, pour concentrer notre attention sur Tim et son pote, qui ont décidé de camper sur place jusqu'à ce que du monde ressorte du Cyttébéh, et qu’ainsi l'argument des gardiens de club, retournés à leur discussion, ne tienne pas plus debout que d'affirmer qu'un menu au macdo équivaut à un repas complet.

Seulement, voila, depuis 5 minutes, des gens sortent et d'autres ,moins nombreux rentrent en leur passant devant, sous les regards et les "bonsoirs" approbateurs des deux gorilles à l'entrée.

Tim commence à se décourager et à désespérer.

Pourquoi j'ai fait le con? Ca m'a pas suffi de finir endormi dans un fauteuil, hier soir? Faut vraiment que je sais maso pour ressortir ce soir! Pourquoi j'ai pas appelé Caroline? Moi et ma fierté de mâle a balles deux! Elle m'aurait, sans doute, pardonné pour la dispute d'hier soir...

Mais si elle ne me fait pas signe, et moi, non plus, ça peut continuer longtemps cette situation bancale, a moins qu'elle ne casse carrément!

C'est pas bon de laisser pourrir les malentendus!

Et puis, c'est à se demander, si elle n'avait pas raison de traiter mes potes de loosers et mes plans de foireux... Si elle me voyait, là, essayant de mendier une entrée devant ce club "in"...

Laissant son pote donner libre court à ses interrogations conjugales, Paul, célibataire endurci à son insu, sent la colère et l'impatience monter en lui. Il sollicite nerveusement l'attention des Men In Black en les interrogeant brusquement sur les raisons motivant leur décision de les laisser croupir dehors.

Un regard vite jeté, la discussion des barrières vivantes reprend de plus belle, ignorant l'intervention de Paul, déterminé, lui, à parvenir a ses fins.

Paul accumule sa rogne, puis se déchaîne de sa frustration en psalmodiant des injures et des vérités aux cerbères, plus surpris qu'amusés, puis l'adrénaline montant à son cerveau, aidé par toutes les drogues dont il a l'usage courant, Paul, fouille dans sa poche, y trouve un paquet de clopes vide.

II le broie entre ses doigts, fébrilement, et s'en sert comme, d’un ridicule, projectile vers les gardiens de l'ordre du temple nocturne de la teuf.

Son geste aurait pu n'avoir aucune conséquence néfaste. Mais, fâcheusement, il buta contre la figure d'un troisième vigile, invisible, jusqu'à présent, qui sortait voir d'où venait cette agitation extérieure. Histoire de donner un coup de main aux collègues malmenés.

Surtout que ce dernier, Eugene, avait en son imposante compagnie, un gentil toutou, Ellen. Un de ces chiens dont la stérilisation est maintenant obligatoire depuis qu'ils sont passés de la catégorie d'animaux de compagnie à celle d'armes dangereuses et réglementées. Un pitt-bull, un rottweiller, un hybride?

Ni Paul, ni Tim ne pourront affirmer, confirmer ou infirmer la marque de ce chien.

L'action se déroule rapidement, en vitesse "double accéléré" sur un magnétoscope:

Le paquet de clopes percute la tête d'Eugene. Réaction des vigiles. Le chien à qui on enlève la muselière. La panique qui envahit les deux larrons. Le chien qui aboie. Les vigiles qui crient. Paul qui se met a courir. Tim qui, revenu subitement de ses pensées à la réalité, tape un sprint pour le rejoindre: "Attends-moi! T'es con!

Le chien a sa laisse retirée. Tim accélère. Paul aussi. Le chien part en troisième. Le maître suit. Le chien aboie. Le maître crie. Paul tourne à droite. Tim, aussi. Le chien, de même. Le maître pareil. Aboiements. Cris.

A gauche! Vite la petite rue. Non, une impasse! Tout droit!

Le chien se rapproche. Tim se rapproche de Paul. Le vigile suit a distance constante, excitant le chien. Tim double Paul: "Suis-moi".

A gauche! A droite!

A travers le boulevard. Au milieu des rares voitures. Les aboiements s'intensifient.

Là-bas, un parc.

 Tim saute. Paul escalade, sous le regard impuissant et hurlant du chien. Ils coupent à travers parc. Tim escalade. Paul saute.

 Merde, c'est un rond point.

Le chien est la, hurlant comme vache qui pisse, comme son maître qui transpire. Tim sue. Paul sue. Eugène Sue. Sue Ellen. Course effrénée. Poumons au bord de l'implosion. Points de tous les côtés. Le souffle qui s’essouffle. Celui du cabot n'est plus loin. Au loin, rien. Que des rues. Des petites tortueuses. Gauche. droite!

Cachés derrière une voiture. Découverts. Re-course. Vigile,d'un côté, talki-walkant a ses supérieurs ou a la police. De l'autre, chien déchaîné et déterminé a capturer son gibier. Dressé pour choper et ne pas lâcher!

Planquage dans pas-de-porte. Demi-tour, toutes. La gorge brûle, les jambes tirent Le clébard traque sa proie, la fatigue connaît pas. Tim crache ses clopes. Paul, sa beuh. Tim, son gin de la veille. Paul, ses verres du jour. Pourtant, courir, encore courir, fuir. Ne pas se laisser coincer. Libres comme l'air! Cours, Paul, cours! Cours, Tim, cours. Cours, mon chien, cours! Mords, Ellen, mords! Ouaf, ouaf, Ouaf!

Il faut faire quelque chose! Arrêter cette course! Se planquer! Respirer! Suspendre cette course déraisonnée

sonnée!

Tim tourne rapidement à gauche. Paul , aussi. Avant que le clebs ne tourne a son tour.

Tim, aperçoit, fortuitement, une porte d'immeuble qui se referme... Porte bloquée d'un pied, écarté d'une main, passée, et d'un. Et de deux! De justesse, claquée. Ouf, sauvés!

Tim et Paul, pénètrent dans la cour, dans un hall,dans une autre cour, puis dans un autre hall, pour finir dans une dernière fournie, elle, en verdure d'intérieur. Beauté cachée de Paris?

Accroupis, inspirant de l'air aussi brutalement et bruyamment qu'ils en expirent, vidés de toute énergie, fatigués par cet effort important et improvisé, par ce sprint de près de 5 minutes, cette course poursuite aux causes absurdes, le manutentionnaire et l'assistant de Wistiti Prod, récupèrent comme ils peuvent.

Paul est adossé a un palmier nain. Tim, a un petit buisson. Ils reprennent leur souffle et leur esprit. Ils tentent de savourer leur piètre victoire sur la gente canine et gorille.

" Putain, ce qu'on peut être cons, confesse Paul.

-Tu l'as dit, bouffit, absout Tim."

Et difficilement, dans une toux sèche et grasse, ils partent dans un auto dérisoire fou rire nerveux.

" Par contre, on a eu une saloperie de chance de merde, admet Paul

-J'ose même pas imaginer ce que peut faire Caroline en ce mo... moment, bafouille à regret Tim.

- Toi, c'est pas qu'avec ces connards de vigiles que t'as la frousse qu' au cul . T'as la frousse, cocu, jeudemotise Paul. - En tout cas, j'en connais un qui risque de ne pas avoir de cul, non, plus. C'est ce trouduc' de Jules avec sa' 1664, redondante Tim.

- Je veux bien te croire, approuve Paul, mais marquant un temps de méditation: j'espère seulement que ce couillon aura la présence d'esprit de nous attendre.

- Y a plus qu'a patienter ici que ça se tasse, propose Tim, une demi-heure. et puis, on tentera une sortie. Y'a pas mort d'homme, y vont pas nous traquer plus longtemps... Ni appeler les keufs.

Puis, discrètement, évitant la proximité du Cittébéh, privilégiant celle de la voiture, on guettera Julien...'

- Il doit surement y être déjà, refoulé, lui aussi, approuve Paul.

Sacrée soirée, va!"

30 avril 2007

...

monsieur_bourre

...Le retour...

Dimanche, une heure du mat',

 au bout de l'avenue de Strasbourg :

 
 

F

 

red aurait eu tout à son avantage, s'il avait prêté son attention imbibée sur le groupe de trois lascars en jogging Lacoste et blouson de cuir Nike, un peu jeunes et bourrés, qui s'approchaient de lui.

En effet, il aurait pu, ainsi, se rendre compte qu'il ne valait mieux pas mieux les croiser dans leur, état ,dans son état. Le clash, la tension était prévisible.

Mais, beurré comme une tartine normande (avec le sel et tout!), il n'avait rien calculé. Il avait continué a marcher, maudissant la police et les chiffres.

On s'en chiffre des keufs! Mer ...hips...deu ! Fais chier! Et plus une goutte de skihoui... Hips… Tiens, j'vais rou...hips...ler mon dernier joint... Faut qu'...hips... trouve des yeufs!

Et, là, grossière erreur et piètre coïncidence, les lascars , ricanant, se rapprochèrent de lui et il eu le malheur de les accoster en premier:

" Hey, les djeunes. Z’avez pas du papier a lérou. Par.. hips... hasard? Siouplaît ... Hips... Cimer!... hips.., Yo!..."

Apostrophés si maladroitement par un si beau pigeon, les scarlas s'en donnèrent a cœur joie. En l'espace, restreint mais intense, de deux minutes, les :

 "Lâche nous un joint, vas-y fais ap le iench'!"

"T'as pas balles dix?"

"Chécra tes garrots, on est en lèrega!"

" Ksa mere, l'a l'air d'avoir colpi keuss, le gaori!"

" Téma, il est fracass vegra! Y pteca wallou!"

"Ta mere, la bouffonne au Bigdil!"

" Cefa de yaourt céfran périmé!"

"Ta reuss, je la baise avec des sacs fourcas comme poteca!"

 "Nardinmok! Y dit dalle que!"

 « Chanmé, il pefli!"

etc….

Jaillirent de toute part.

Fred, n'ayant pas eu le temps d'opter pour une conduite à tenir face a cette agression verbale, n'eut pas moins le temps de réfléchir à une défense physique quand les coups et les insultes se mirent a pleuvoir en trombe sur son corps et son esprit anesthésié par les effets de l'alcool.

C'est tout juste, s'il eut le réflexe de se protéger des coups de pieds qui s'acharnaient sur l'homme à terre qu'il était.

Il perçut un " On s'chearra, y' a du de-mon!" et un ultime choc sur son crâne.

Puis, l'accalmie...

Comme on peut se retrouver perdu, trempé, surpris par un orage, Fred, s'est retrouvé paumé, saignant, abasourdi, détroussé, battu par des ados en folie nourris aux films de gangsters, à la publicité, et au désoeuvrement.

Seuls, pas violents; accompagnés, des chiots enragés.

Il lui a fallu bien dix minutes pour se relever, à proximité d'un chiotte électrique et payant.

Une putain, revenant d'une passe, l'aida à se remettre debout et lui fila 2 francs pour qu'il puisse se nettoyer au WC public privé.

Putain! J'me rappelle pas de sa tronche ni de ses roberts! Ca se trouve elle était bonne et elle aurait eu pitié de moi. Une petite pipe a l'oeil pour panser mes blessures.

Éjaculer dans sa bouche ma honte post-traumatique. Même pas, la pute! Elles portent bien leur nom celles-la!

Depuis, une toilette sommaire effectuée, à base d'eau savonneuse et de pq, du sang séché sur ses vêtements, la putain étant repartie gagner son pain dans une voiture, Fred a repris sa route, clopinant péniblement, grâce à son récent éclopage-dévalisage.

Ces arabes de merde m'ont tout tiré: mes dix balles, mon briquet, mes clopes et ma boulette! Fils de putes! Y m'ont heureusement laissé mon blouson, ces cons. Ah! Bordel, j'suis pas raciste, mais quand même les bicots. Chaque fois qu'y a un sale coup, ben, y faut qu'y en soient. .

Reprenant ainsi, inconsciemment, à son compte des paroles de Renaud, Frédéric s'enfonce, lentement mais sûrement, sur une pente xénophobe dont l'issue est fatalement regrettable, innommable, préjudiciable,...

Peut-etre l'alcool est-il pour beaucoup dans cette réflexion plus que douteuse et inacceptables de sa part; mais il n'excuse pas tout, surtout pas le pire.

Et ce, même si, en se moment, se dirigeant vers le sud, Fred, bien raide est vraiment dans son pire état, mental et physique. La perdition s'approche à grand pas, tandis qu'il se rapproche à petit pas de la nationale 20.

Dire que lundi, je dois aller au commissariat pour récupérer ma caisse. Les ennuis ne sont pas terminés et je ne suis pas couché!

Si je faisais du stop?

30 avril 2007

...

cithea


Dimanche, une heure du mat',

pres de République, Paris XI:

C'est une rue en légère côte, encore et surtout vivante a cette heure-ci.

On y retrouve toute une population hétérogène composées de noctambules de toutes sortes: jeunes fumeurs de joints des banlieues, bourgeois branchés de toutes générations, racailles locales qui tiennent le trot toir et les entrées de blocs d'immeubles à bon marché, racailles des cités éloignées venues, a 5 par Mercos "empruntées" pour "mettre le dawa dans la capitale", touristes égarés, travellers caninisés, homos hors du ghetto, night-clubbers "coco et exta à tout va ", dealers de came aux voitures de sports immatriculées en Belgique, apprentis-cadres bourrés, musiciens non écoutés, artistes incompris, étudiants étrangers sans le sou et tout autres personnes anonymes attirées par la lumière et la vie de cette rue.

Ici, restent ouverts jusque tard dans la nuit ou tôt le matin: l'épicerie de nuit qui a tout compris et qui ,en dehors des rondes policières, vend alcool et cigarettes à qui veut; le traditionnel kebab à la grecque tenu par un turc et sa longue queue de clients affamés se souciant peu de la diététique et de ses bienfaits; le non moins inévitable marchand de sandwichs-paninis de l'autre côté du trottoir ; deux ou trois bars branchés et dansants; un ou deux bistrots pourris; un tabac qui ferme à deux heures et dont la file d'attente défie celle du "sauce blanche ou harrissa?"; et, un peu plus loin, en remontant cette rue, il y a 5 ou 6 boites et clubs plus ou moins sélects, plus ou moins chébrans, plus ou moins chères...

En fait, si cette rue est si prisée, c'est a cause de sa bonne réputation fondée sur le fait, qu'ici ce n'est pas trop jet-set, ni réservé a une élite. C'est un haut lieu de la nuit , aussi bien pour les classes aisées, que les modestes que pour les plus que modestes.

Ici, on peut venir profiter des attraits de la capitale, sans pour autant être contraint aà outrepasser des barrières difficilement transgressables, comme celle de l'argent, du piston ou de la notoriété.

Cela commence à revenir de plus en plus souvent dans les discussions d'aspirants fétards déchus et refoulés de nombre d'endroits  parisiens, que cette rue permet à tous de s'éclater.

On pourrait rentrer plus facilement dans ses lieux de défoulement nocturne que dans tous les autres îlots qui bougent à l'intérieur du périph'.

Car, ici, casquette ou baskets, qu'importe ta tête, tu dois pouvoir faire la fête, c'est possible. C'est la rumeur qui le dit, mais la réalité dépend de l'humeur des videurs.

Et pourtant, nombreux sont les banlieusards venus profiter des avantages d'une ville lumière, dont, ils subissent, quotidiennement, depuis leur proche cambrousse, les nuisances, sonores et polluantes des aéroports et des autoroutes à 6 ou 8 voies, mais aussi d'autres nuisances moins perceptibles mais toutes autant perçues telles que le manque de vie identitaire des communautés périphériques où l' impression de venir de nulle par et donc de n'être que dalle est très en vogue.

Ils viennent, ici, en voiture, dès qu'ils le peuvent, avec leur A rouge au cul, leurs plaques non-immatriculées 75...

Elle sont remplies de potes fracassés, elles se faufilent dans la circulation parisienne dense et stressée, pour atterrir, souvent le samedi soir, dans cette rue, histoire de "faire la teuf a Ripa!".

C'est pourquoi, nous retrouvons ici, ce soir; Paul et Tim,qui se préparent pour tenter une entrée auCyttébéh, un bar, avec un prime un dj et une piste de danse.

Julien est parti, quant à lui, acheter des grandes 1664 chez le rebeu du coin.

Il n'y tenait plus, depuis l'autoroute, il en cherchait un d'ouvert, mais les rares qu'il avait croisés était si mal situés qu'il ne pouvait s' y garer, même vite fait.

 Puis, sous la grogne de ses passagers, pressés d'arriver, finalement, il s'est posé tout près de la rue, sachant pouvoir y dénicher son bonheur.

Il s'est séparé des deux autres, leur donnant rendez-vous a l'intérieur:

"Vous faites comme vous voulez, les gars. Moi j'vais pécho une teillebou, d'abord. L'ivresse de laf ête, d'accord. Celle de l'alcool, d'abord!".

Devant le Cyttébéh, Tim et Paul s'accommodent parfaitement de cette séparation. A eux deux, leurs chances de parvenir à franchir le perron du club se multiplient.

En plus, Julien est en baskets. le con, des sketbas, il abuse.

Cet accessoire podologigue est bien connu pour n'être que peu compatible avec les sorties nocturnes de ce style.

Alors, tous les deux avec leurs pompes de ville, ils risquent d'avoir plus de succès dans leur entreprise de pénétration dans le bar, et ce auprès des vigiles.

II s'approchent des deux videurs, grands lascars rendant gringalet tout amateur de pompes du matin,blacks, vêtus de black . Il sont en pleine discussion, bloquant l'entrée de leur bras croisés.

Ces deux mecs ont l'air jovial, c'est bon signe.

Ils sentent monter en eux l'angoisse du moment du "bonsoir adressé au videur".

Espérer, parfois en vain, que le passage s'effectuera en douceur, normalement, sans faux-semblants.

Car, ce « bonsoir » n'est pas seulement une formule de politesse, c'est surtout un clé ou un verrou, un" Désolé, Messieurs, c'est une soirée privée..", ou pire encore, un dévisagement humiliant des pieds (attention aux baskets!) à la tête (gare a la casquette!) se finissant par un souriant mais convaincant: "Je crois que cela ne va pas être possible.", alors que justement a l’instant d'avant, le cerbère vient de laisser passer, en l'embrassant, un type en nike à 1000 balles et casquette a 200 balles.

Bref, un `bonsoir", même bien préparé, longuement mûri, concerté ,est tel un mot de passe qui se tente comme lorsqu'on teste un numéro de carte volé: on n'est pas tout à fait sûr du numéro, mais on l'essaie quand même. On aimerait tant que ce marche!

En plus, du résultat de ce "bonsoir" découlera la teneur de la soirée. Si un "bonsoir" conduit a un refus d'accès parl es mastodontes en oreillette et bombers, la soirée est niquée, fichue, tendance perrave, dégénérescence suite a embrouilles avec le videur; déchéance autour d'un grec; déclin du retour chez soi; décrépitude, demi à la main, dans un minable troquet qui pue la pisse et le vomi, dégringolade suite aux essais ratés d'intrusion dans de nouveaux lieux; décadence de l' accumulation des refus de franchir les frontières de la rue, dislocation suivie d’ une prise de gueule avec d'autres refoulés, bien plus relous que vous....

Joli programme, non?

En revanche, si de ce même "bonsoir" naît , en retour, un accueillant " Bonsoir, Messieurs" inespéré, inopiné, tellement irréel qu'on aurait presque envie de serrer les videurs dans nos bras, alors la soirée peut, éventuellement, bien se dérouler: déhanchement endiablé sur musique machinale; promiscuité de femelles parfois cuitées, ça aide, jolie barmaid; coups à l'oeil; finir dans un autre lieu; puis aller se finir dans un autre pour réellement finir dans une after ou un appart,... ou un parc…

Mais comme le dit si bien Paul, "c'est pas tout les jours Noël!", et par conséquent, ça peut tout aussi bien être pourri et désert, une fois à l’intérieur.

Mais, actuellement, formulant leur bonsoir aux vigiles qui stoppent nette leur discussion si animée pour se figer, les deux potes n'espèrent qu'un seul son parviendra a leurs oreilles: "B'soir m’sieurs...".

Ils y croient...

29 avril 2007

...

monsieur_bourre

Dimanche, minuit et demie,

aux alentours de Gare de L'Est:

Il est vrai que Frédéric, passablement éméché, poussant un juron relatif a l' hypothétique mère de la flasque de whisky, qu'il vient de jeter, vide, par terre, est loin de toute prise de position sur ses goûts musicaux.

On peut même affirmer, à son grand dam, qu'il est à milles lieux de pouvoir ne serait-ce que formuler une miette de pensée sensée. Déjà qu'il lui a fallu près de trois quart d'heures pour relier, a pied, deux gares que même un touriste japonais, photographiant à tout va, peut joindre en moins de 10 minutes. 

Il faut dire qu'il en tient une couche, ce soir, Frédéric le beau gosse de chez Carrefour, le rayon, tout au fond, a gauche, celui des alcools...

Il n'a pas encaissé comme d'habitude. D'ailleurs, rien ne s'est passé normalement ce soir.

Il était, pourtant, persuadé, que ce coup ci, il allait assurer. Frédéric, le magnifique. Il s'y voyait

déjà....

Alors qu'il glandait avec Julien, cet après-midi, son téléphone avait sonné et ô joie, ô espoir, une délicieuse voix féminine avait charmé ses oreilles.

Une prise, une.

Une demoiselle, une certaine Juliette, dont Fred ne se rappelait fichtre pas, était tombée sur une de ses cartes de visites et elle avait eu envie de l'appeler, de savoir s'il était libre ce soir pour venir dîner chez elle.

Carrément un dîner, il n'en revenait pas. Mimant, le mec over-booké, il prit, finalement l'adresse de ce cadeau tombé du ciel (Dieu existe, c'est une femme. Je l'aime!) et fêta cette bonne nouvelle avec Julien, qui délaissa son efferalgan pour ne pas laisser son pote trinquer tout seul:

" T'as vu, hein? Je ne suis pas un mytho... Tu vois que ça marche mon système. Une petite carte glissée a la va-vite, hop, hop,hop, un petit sourire et elles te rappellent. Elles sont folles de moi....

Ca doit être mon côté romantique qui les fait tomber, non comme des mouches, mais tels des papillons qui butinent une fleur.

Elles sont les papillons et moi la fleur...

Putain, termina -t-il en même temps que son verre, fier de lui. Si c'est ça c'est pas du romantisme, je rentre chez les moines et je reste a la veuve solitaire... Ah... Ah... Ah!....

Non, les gars, vous pouvez vous foutre de ma gueule, n'empêche que, moi, ce soir, je vais niquer. Et pas que ma thune et mon cerveau... 

Ah... Comment feraient-elles sans moi???"

S'apercevant que son ami ne participait que peu a sa liesse, il s'éclipsa après deux derniers verres et en sortant, comme nous le savons, il fut privé de son téléphone et de sa Golf par l'aimable maréchaussée, dans des circonstances un peu floues.

Premier hic, mais comme les hips, il en faut plus pour arrêter un Fred en marche. Il opta donc pour l'option transports en commun.

Même si le voyage en RER s'est déroulé paisiblement, il n'en n'était pas moins vert d'emprunter ce moyen de locomotion. Depuis combien de temps n'avait-il pas utilisé les services de la Ratp, il ne tenta pas même pas d'esquisser une réponse.

 Fiou... Trop longtemps!

Il arriva, tout de même, à provisoirement oublier le malencontreux incident avec la police, pour concentrer son esprit sur Juliette.

Délicieuse Juliette qui m'a appelé. Ah Juliette, tu ne vas pas être déçue. Non, je vais bien m'occuper

de toi...

En veux-tu? En voila! Me voilà !

Malheureusement, n'étant pas arrivé a la fin de ses déboires, la réalité éclipsa ses fantasmes. Alors qu'il changeait a Gare du Nord, pour prendre le métro (ça pue toujours autant ici!) et descendre à Château Rouge, il réalisa que, putain de bordel de merde, il avait négligé le fait que le post-it avec le numéro de la rue, le numéro de téléphone et le numéro de digicode (saloperies de numéros!) était logiquement collé au dos de son portable qui était resté dans cette PUTAIN d ecaisse!

Enculés de keufs! Merdasse de flicaille! Qu'ils gardent mes papiers, ma caisse, ce qu'ils veulent, ces connards. Mais qu'ils ne me cassent pas mes plans baise! Ah, les fils de putes! Ah, les pédérastes!

M'empêcher de dégorger le poireau! Me priver de tirer ma crampe! Me déposséder d'une schneck humide! MORT AUX VACHES, tiens!

Il alla noyer sa rage et son désespoir dans le premier troquet minable qu'il trouva Un petit bistrot, dans une petite rue, la façade ne payant pas de mine avec ,comme unique décoration extérieure, la crasse sur les murs, la licence IV et une vieille affichette jaunie indiquant la venue d'un obscur accordéoniste en tournée.

C'était le genre de bar, où lorsqu'on y pénètre, si on n'est pas un exclu, là, on le devient de fait.

Repaire de putes sur le retour, de vieux rebeus dont le seul signe d'intégration authentique est leur présence dans ce sombre boui-boui, d' obscurs gratte-papiers au col blanc maculé de transpiration, de cols bleus fatigués, tenu par un patron qui laisse le milieu y déposer ses bandits manchots.

Bref un lieu comme les affectionne Fred.

Au bout de trois demis au comptoir (dix balles le demi!), de plusieurs tournées de cacahouètes, il abandonna l'espoir de retrouver dans l'ordre tous ces numéros oubliés. C'est comme au loto, c'est jamais les bons qui sortent.

Son ventre alourdi de 10 pressions et sa fortune allégée de 10 sacs, Fred ne sait plus très bien où il est.

Alors, maintenant, vagabondant boulevard de Strasbourg, il n'a vraiment plus aucune idée sur rien, mais alors riiiiieeeeeceennnnn

C'est tout juste, s'il entre aperçoit les lascars qui s'approchent de lui, un tout petit peu excités....

29 avril 2007

....

Pour raisons politiques et techniques....
Pas d'épisode hier...
Deux aujourd'hui
ou 3 demain....

27 avril 2007

...

stationessence

Dimanche, minuit,
 près de Bièvres,
sur la N118:

Apres une courte pause d'approvisionnement à une station service, cinquante balles d'essence, (offerts par Paulo, le riche détrousseur de nazis), mais pas de bières, (" Aucune de vente d'alcool après 23h00, c'est le règlement. Bon, l'essence c'est sans plomb ou diesel? Désolé, c'est le seul carburant que je peux vous vendre.." Si même les pompistes sarcasment... ), l'antique BX 19 TRD de Julien trace, actuellement, vers la capitale.

A l'intérieur, résonne de l'autoradio, poussé à donf, un beat hip-hop, énervé mais dansant, sur lequel des rappeurs freestylent, aidés par un Julien enthousiaste:

" Je te brûle comme la ganja, comme le teushi

- Te défonces comme la vodka ou le whisky

- J'arrive sur scène, dans une main: un micro

-Dans l'autre: un BÉDO!!

-Je tape la classe, mais pas de cravates a pois

-comme GILBERT BÉCAUD!

- CHANGE- MOI CE RAP POURRI!, hurle, brusquement, Paul qui ne partage pas l'enthousiasme de son pote.

TU FAIS CHIER AVEC TA MUSIQUE D'ARUTIS!

- Hé, calmos, réagit le chômeur tout en baissant le son. Déjà, c'est pas du rap pourri, c'est D.Abuz System, espèce d'inculte !

 C'est pas des abrutis, comme d'autres, y'a du texte, au moins.

- Et quel texte! Tu parles, raille le manutentionnaire en week-end. Mets autre chose, s'il te plaît"

Soucieux de préserver la paix sociale dans sa voiture, Julien obtempère, prend une k7 au hasard, et une douce musique, radicalement différente de la précédente, avec un choeur, des cordes, du clavecin et tout, envahit l'habitacle, accompagnée de ses paroles et du chantonnement du conducteur:

" II étrangle son semblable dans le bois d’Meudon

- Quand il est inconsolable, quand il a le bourdon.

- A la barbe des voisins, qui le trouve sympathique

- Monsieur est un assassin. Je suis son domestique..."

Tandis qu'un lalala, certes un peu larmoyant sort des baffles, Paul, s'insurge:

"Tu le fais exprès ou quoi? Tu tripes, là! Je ne t'ai jamais demandé de la variété qui fout le cafard!

- C'est marrant, s'amuse Julien, l'assassin de la chanson tue quand il a le cafard... Et puis c'est pas de la variet', c'est de la chanson, cher ignorant, c'est Thomas Fersen.

 - Non, vraiment. Choisis un autre truc, assure, semble supplier Paul."

Afin d'agir en harmonie avec son environnement, Djule, fouille dans ses cassettes et en introduit une nouvelle dans le poste d'où sort, maintenant, une mélodie joviale et entraînante à base d'accordéon et de cuivres sur laquelle un chanteur scande ses propos, toujours soutenu, vocalement, par Julien:

" Va-t-en vieille putain a la mie de pain

- Sans pognon y-a pas d'oignons!

- Tu te fous de moi? , réagit Paul de plus en plus irrité. C'est quoi c'te rock'n'musette miteux?'I"as rien de mieux?

- La, tu me les brises menus, n'arrive pas à se contenir Julien. Pour ta gouverne, Monsieur l'intolérant jamais content, sache, ô inculte, que ce n'est pas un groupe miteux, c'est les Têtes Raides!"

Sans attendre la réponse de Paul et ses vannes foireuses sur la tête, raide, de son pote au volant, Tim, qui n'avait encore rien dit, préfère agir afin d'atténuer la légère tension, pas que musicale, s'installant dans la BX.

Il sélectionne une station sur la bande FM, sur les 98.2, radio Fg et une nouvelle partition retentit dans la voiture:

"Boum-Boum-Boum-Boum-Boum-Boum-Boum

- Schling-Schling-Schling-Schling-Schling-Schling

- TaTâl'aTaTâCaTaTaTaTaTaTâfâfaTa

- Piou-Piou-Piou-Piou-Piou-Piou-Piou-Piou

- Ex-Ex-Ex-Ex-Ex-Ex-Ex-Ex-Ex-Ex-Ex-Ex

- Che- Che- Che- Che- Che- Che- Che- Che

(Et chaque piste se joue, simultanément, en boucle) "

Au bout de 5 minutes de relative accalmie, alors que Paul, satisfait, lui passe le joint, Julien, taquin, tente une réflexion:

" Quand je pense que tu m'as fait chier uniquement pour écouter de la musique de pédé...

-Qu'est-ce qui t'arrive? , mord Paul qui n’apprécie pas forcément les homos. C'est de la techno, tu dis n'imp':

-Et c'est quoi la radio, déjà? , questionne malicieusement Julien.

-Ben c'est FG. Je ne vois pas le rapport, s'enfonce l'intérimaire dévaliseur de faf et homophobe.

-Moi, non plus, continue sournoisement son pote. FG: c'est les initiales de Fréquence Gaie, non? Et les gays c’est pas des pd, peut-être ? »

Puis tel un casque bleu, préoccupé par l'entente des partis adversaires, Tim prend la parole sous la forme d'une pirouette:

" Je ne sais pas si on écoute de la musique de pédés, mais en tout cas, j'en connaît deux qui ne doivent pas être en train de se prendre la tête avec des histoires ou des non histoires d'homosexualité, contrairement a deux autres que je connais aussi bien, mais qui pour l'instant me sont plus proches.

Si vous voyez qui je veux dire..."

Et, respectant, une trêve tacite, dans le silence de la musique électronique, chacun pense à Fred et Sam qui ont chacun un plan nana et par conséquent, effectivement doivent avoir des préoccupations bien éloignées de ce type de querelles a propos de genres musicaux...

26 avril 2007

...

                                                                                   parinui

 
 

 

 

Samedi, 23h15,

Paris,

Aux alentours de Gare du Nord:

 
 

I

 


l y en a un aussi, qui, perdu au milieu de ce quartier indien, va passer une longue nuit agitée.

    Mais si, pour reprendre la publicité d'une marque de cigarettes américaines, la soirée de Samuel a toutes les chances d'être            Lucky, celle de Frédéric pencherait plus vers une consonance Unlucky.

En effet, depuis qu'il est sorti de chez Julien, en fin d'après-midi, il se sent comme Vito la Déveine (l'Al Capone de Spirou), poursuivi par la poisse (la poissa, quoi!), qui, comme une épée de Damoclès, le menace. Il a l'impression qu'un petit nuage gris, prêt a lui fondre dessus, l'a pris en filature.
Déjà, en arrivant a sa voiture, il jura. Une saloperie de Pv pour mauvais stationnement. 250 balles et un macaron indiquant l'enlèvement demandé.
Juste a cause d'un petit bout de passage piéton dessiné sous ses roues. Voila où passent nos impôts.
Saletés de pervenches. Toutes des fleurs fanées, ces mal-baisées.
Quoi que maintenant, y'a des belles plantes
dans cette espèce de connasses. Qu'elles viennent donc me voir si elles s'emmerdent, je saurai les détendre, moi. Et pendant ce temps-la, au moins, elles nous laisseront nous garer tranquille.
En attendant, il rangea sa prune, dans sa boîtes à gants avec ses copines impayées.
Il démarra, nerveusement et partit en trombe sur la nationale 20 en direction d'Orléans. Pas de bol, il devait aller de l'autre côté: Porte d'Orléans, pas Orléans.
Il le réalisa à la première intersection et dès que le feu passa au vert,
négligeant une signalisation lui interdisant, il effectua un demi-tour.
Au feu suivant, une camionnette transportant des fonctionnaires en
uniforme lui intima l'ordre de se ranger sur le bas côté.
Merde, des condés! J'espère que je n'empeste pas trop le whisky...
Obéissant, il se gara et la s'en suivit le rituel « papiersiouplaît », la vérification informatique, le tour du véhicule, ..., la           machine policière était lancée :
"Alors jeune homme, formula un képi aux bandes vertes, apparemment
plus jeune que lui, on néglige les panneaux d'interdiction? On a la vision trouble? On a bu?
- Moi... Euh... Non, balbutia Fred, troublé.
- C'est pas ton haleine qui dirait ça, déclara un autre keuf plus âgé, revenant, papiers en main, du panier à salade et suggérant à Fred, d'un air exténué, de le suivre dans le fourgon, pour de plus amples informations.
Dès ce moment la, il su qu'il était mal barré. Dans le véhicule, un troisième flic encore plus vieux, d'un coup d'oeil complice, l'interrogea:
" Bon, on a d'autres chats a fouetter. Alors, soyons concis. Vous reconnaissez les faits?
-
Je vous jure, j'ai rien bu. Enfin, presque... Juste un petit whisky, avant de partir, pour la route, quoi. Un baby, pas grand chose, je vous promets.
- Comment ça, s'interloque le poulet, qui te parles de whisky? Je te parle
de ton demi-tour sur le boulevard! Devant un panneau qui interdit, pourtant, cette manoeuvre."
Je me suis foutu dans de beaux draps, réalisa notre alcoolique en même temps qu'il apprenait son infraction..

Si je dois souffler dans le ballon c'est cuit. Voyons, 2 demis
à jeun au bistrot, 2 bières, puis un pastis, puis deux, non, trois whiskies chez Djule, je suis baisé. Pas de beaucoup, soit, mais baisé quand même. Salopes de keufs!

Interrompant le monologue intérieur du hot liner pris en plein délit, le plus jeune, passant sa tête a l'intérieur du fourgon, héla son collègue:
"Vu le nombre de cadavres qui traînent dans sa voiture, il doit bien être rond notre pro des marches arrières...
- Écoutez, soyez sympa, supplia Fred, les cadavres y datent. C'est vrai. J'ai presque rien bu, aujourd'hui, et puis ce panneau, vous avouerez, il est mal placé, je ne l'avait pas vu. J'ai un rendez-vous important, soyez indulgent, m'sieur l'agent...
- Ouvre bien tes écoutilles au lieu de geindre, le coupa, sèchement le flic dont l'aspect complice de son regard était devenu irrité. On peut dire que tu est un veinard, que c'est jour de fête pour toi. C'est pas que ta petite gueule de déchet me fasse pitié, bien au contraire.
Mais les circonstances me rendent clément.
Tu vois, on est un peu pressés, la, et puis faire un demi-tour interdit devant nous, tu admettras que c'est pas très futé."
Frédéric, désabusé, acquiesça.
Alors, on pouvait pas laisser passer ça, donc on t'arrête, juste pour le principe. Mais on s'aperçoit que tu es bourré, ne nies pas, j' y r'nifle d'ici. Et comme t'as le cul bordé de nouilles, on va pas te faire chier plus longtemps. Avec ce qui s'passe en ce moment, on est trop débordés."
Sublimé par cette divine nouvelle, Fred, se mit a remercier des dieux auxquels il n'avait jamais cru. Bacchus était-il avec lui?
" C'est bon, finit le policier. Tu peux te tirer, mais a pied. Hé oui, on va tout de même pas laisser quelqu'un de saoul au volant. Il ne sera pas dit que la police ne fait pas son travail!
Alors, voila ce que je te propose et t'as pas le choix: nous on continue
gentiment notre route et toi aussi. Chacun de son côté, peinard. Seulement, elles vont se croiser et on va se revoir. Parce que tu vas nous laisser un gage, quelque chose que tu voudras revoir, tiens, ça, par exemple."

Il saisit le portefeuilles de Frédéric, et commença a le vider sur la
banquette: permis de conduire, carte grise, assurance, carte d'identité, carte téléphonique, cartes de visites ("dis-moi t'a eu accident depuis la photo?"), divers papiers pliés, feuilles d' OCB(« tiens, on s'drogue, aussi? »), deux capotes ("sans commentaires') et une carte bleue.
Il chercha un grand zipp, l'ouvrit y déposa l'essentiel (sans oublier
la visa), le scella entre ses doigts. Il remit dans le portefeuille le superflu (sauf les feuilles, qu'il sema au vent sur la chaussée) et le tendit a Frédéric, stupéfait.

" Tu pourras venir dans 3 jours au commissariat d'Antony, tu demandes à voir Hochard, c'est mon nom. Compris."
Frédéric, sans ironie, hocha la tête pour confirmer.
 On discutera et on avisera dans 3 jours. Passe donc lundi, vers 9h00, Ok? On trouvera bien des choses a se dire. On s'racontera nos week-ends...D'ici là, t'es piéton. Allez, tire-toi! On t'assez vu."
Frédéric allait se lever et se tirer sans demander son reste, mais l'agent, ou sûrement l'officier, l'interpella (normal, pour un flic):
"
J'oubliais... Tes clés... Tu me les confies, s'il te plaît."
Frédéric, dépité, lui donna et tenta:
" Et pour ma visa, soyez pas vache, vous pouvez pas me la laisser?
-
Soyez pas vache, se marra Hochard, soyez pas vache! On me l'avait jamais faite celle la... Allez casse toi".
Abandonnant la triplette de policiers, délaissé de sa voiture et de son larfeuille, il s'en alla vers la station de REIR, un peu dégoûté, c'est normal, on ne peut que compatir.
Pour se réconforter, pour atténuer sa rage et son aversion, il chercha le positif de la situation.
Il n'avait pas d'amende, pas soufflé dans le ballon, et puis il lui restait encore 200 balles dans la poche et son portable.
Ah. non! Merde! Je l'ai laissé dans la caisse. Je ne vais pas faire demi-tour, une fois de plus, pour leur demander. D'ailleurs, ils s'en vont. Ils laissent ma Golf là, ces cons. Si j'osais... Non ça craint. Je ne vais pas fracturer ma propre voiture.
En effet, il préféra poursuivre sa route avec comme seules munitions, un paquet de cigarettes, un briquet et deux cent balles (taxées a Julien), dans ses poches et une boulette d'un ou deux joints dans la chaussette.

Heureusement, qu'ils ne m'ont pas fouillé, ces cons-la!

Et c'est cette route, parsemée de ratés, qui l'amène, maintenant, à bientôt minuit, à errer dans ce quartier glauque, en avalant de temps en temps de petites gorgées de whisky à même la flasque qu'il a acheté, deux heures auparavant, chez un épicier.
Il ne lui reste, plus, en ce moment qu'une pièce de 10 francs et une de vingt centimes ainsi que deux ou trois clopes, un stick, et son briquet dans les poches et dans la main cette bouteille.de whisky de cuisine qui sera vidée sous peu.
Par contre, son sang, lui, n'est pas démuni. Il serait plutôt surchargé.
Une bonne dose d'alcool se promenant dans ses veines.

Et la nuit ne fait que commencer....

25 avril 2007

...

Samedi, 23h45,
Paris,
quartier St-Germain:

 
 

L

 


e resto digéré, le film terminé, Sam et Kristina, se sont rendus dans
grande brasserie éclairée, sur le boulevard. Les garçons de cafés sont en tenue, le patron a un accent auvergnat, le comptoir rengorge de titis parigots, la salle de riches couples, légitimes et illégitimes, de quinquagénaires, sortant eux aussi du cinéma, mieux, du théâtre.

Au milieu de tout ce monde, ils se sont installés, sur une petite table, dans un recoin, autour d'un gin-fizz pour la danoise et d'une pression ordinaire pour le skateur.

Ils ont parlé du film, enfin surtout elle, et ce, dans un français bien meilleur, que celui que l'étudiante ne voulait bien lui montrer, la veille. Décidément, pensa Sam, les filles m'étonneront toujours. Il fut encore plus surpris par la parfaite connaissance, de cette demoiselle, du cinéma français d'avant-guerre.

Ils sont allés dans une petite salle d'art et d'essai, à peine trente places, voir "La Règle du Jeu" de Renoir, qui se jouait a l'occasion d'un obscur festival sur "Le rôle et la place du métier de garde-chasse dans l’ histoire des films maudits".

Kristina, lui a-t-elle raconté, a appris le français, grâce a la vidéothèque de son père composée, exclusivement, de films français des années trente à cinquante, sous-titrés en danois.

Et maintenant, alors qu'elle loue, dans un langage bien plus littéraire que celui qu'il emploie journellement, l'intensité dramatique de l'allégorie de la partie de chasse, la superbe interprétation de Dalio dans le personnage du marquis, qu'elle encense ce drame gai, ce vaudeville métaphysique, Sam est plongé dans les méandres du regard bleu et vert qui le fixe, bercé par un blabla digne des Cahiers du Cinéma, aux enchantant accents danois.

Il bénit ce père, qui depuis le fin fond du Danemark, grâce a sa franco-cinéphilie, a donné vie et envie de venir en France, à ce petit bijou de femme, actuellement en face de lui. Elle est folle de lui, il en est sûr.

Pendant qu'elle s'absente au fond a droite, en bas de l'escalier, il allume son portable afin d'y consulter ses messages. Il trouve celui de Julien :"Kestufou soir-ce? Djule.". Il tape sa réponse sur les touches: " Plan Q! Bisous". Il envoie le SMS, éteint le Sagem et le repose dans sa veste, tandis que son plan q revient s'asseoir, après un tendre et rapide baiser, à ses côtés.

Ils finissent leurs consommations, Sam, bon prince, va payer au comptoir (75 balles, c'est fini le temps du charbon, hein mon coco, s'adresse-t-il mentalement au bougnat qui lui rend la monnaie).

Il rejoint Kristina dehors, l'enlace d'un bras, à son grand réjouissement et de l'autre hèle un taxi qui s'arrête, à son grand étonnement.

C'est donc réjouis et surpris qu'ils montent dans une Mercedes 300. Il indique la destination au chauffeur, un africain, casquette de base-ball enfoncée sur ses lunettes, et tandis que la danoise commence à lui léchouiller le cou, il songe à cet appartement inoccupé (les autres sont partis en rave) et à toutes les combinaisons acrobatiques que leurs réservent toutes ces pièces vides mais pleines de ressources (machine à laver, bar a l'américaine, tables de toutes tailles, canapé, et autres accessoires accessoirement, ou non, d'ameublement...).

La nuit va être longue (les raves, ça ne se finit qu'au petit matin) et agitée....

 
 

 

 

 
 

 

 

24 avril 2007

...

policier_controletourefelvigiles

La Saturday Night Fever ne serait-elle qu’un leurre
Et Paris une Ville Lumière ?
Ou « PAPIERSIOUPLAIT ! »


Samedi 23h00,
Chez Paul :

"Bon, qu'est-ce qu'on fout, alors, ce soir? , s'enquiert Paul auprès de l'assistance, présentement composée de Tim et de Julien, tous deux avachis dans le canapé, déjà bien attaqués par la consommation de bières et surtout d'herbe assez forte. Les deux compères n'ont pas l'air d'avoir de réponse a la question:
"Je ne sais pas, hasarde Julien. On peut appeler Sam, il doit bien avoir un plan, comme d'hab.
- Je pense que ce soir, il doit préférer rester avec sa danoise, non? , interroge Tim. Vaut mieux pas l'appeler, confirme-t-il en toute connaissance de cause. -
T'as raison. Je vais lui envoyer un texto."
Julien commencer à taper un message sur son téléphone.
" Cela ne répond, toujours pas, a la question, persévère Paul. On va pas rester ici, à rien foutre... -
Pourquoi pas, on n'est pas bien la, à discuter, entre potes, à fumer des pétards, hein'? , s'enquiert Tim.
- Reste cool, continue Julien. Y' en aura d'autres des soirées...
-Pour vous, j'en sais rien, répond Paul, mais pour moi, qui me lève tôt tous les jours, des soirées, il n'y a en que deux par semaine. Alors les passer à glander, chez moi, surtout un samedi soir, non merci!
-T'es drôle... On n'a plus vingt ans, tente Tim.
-Je sais, je sais, acquiesce Paul, on en a 25,... Et je ne vois pas ce que ça change. Merde, les gars, assurez! On ne va pas faire comme tous les beaufs: légumer devant l'émission d'Ardisson a la télé! En plus, j'ai de la thune... Bordel, faut que je fête ça!
- Mooortel, s'enthousiasme Julien. Paulo paie sa soirée! -
Dans ces cas-la..., confirme Tim, retrouvant aussi la pêche et se levant d'un coup de son fauteuil: Allez, on bouge... -Calmos, calmos, tempère le voleur de facho. J'ai jamais dit ça.
- Alors la, t'es un salaud, objecte Tim, On est limite tes complices.
- Te la joue pas trop perso, appuie Julien, on pourrait te balancer, qui sait?
- Arrête tes conneries, l’interrompt l'intérimaire en week-end. C'est moi qui ai pris, ces trucs, tout seul. Vous, vous n'avez rien fait J'ai pris tous les risques, sans demander l'avis de personne. C'est ma thune, ok? Je veux bien partager, un peu, la beuh, mais l'argent, y a pas moyen. C'est mon fric! Je l'ai péta seul tout!
-Mollo, mollo, le calme Julien. On ne te demande pas d’impôt révolutionnaire. On n'a pas des gueules de corses, rassures-moi... Tu pourrais, par contre, nous payer un coup; ça se fait, entre potes.
-  C'est la moindre des choses, le soutient son autre pote, intéressé. Tu crois pas, Paul? -
- Bon, vous avez raison, abdique ce dernier. Mais, c'est ce soir ou jamais!
- Et on fait quoi, alors? On va où? Et comment?"

    Cet afflux de questions, émanant de Tim, laisse planer un silence dans la salle a manger, le cd de Saint-Germain ayant arrêté de tourner sur la platine. Il est  interrompu par le portable de Jules qui se met a vibrer sur la table en manquant de renverser le verre de Tim dans son agitation Apres, l'avoir consulté, son propriétaire prend la parole: "
Une chose est certaine. Il ne faut pas compter sur Sam. :

Il est oQupé..."
nokia_3330

23 avril 2007

...

skate

Samedi 15h30,
Paris,
Boulevard Malesherbes
:

Descendant le boulevard sur son skate, slalomant entre les piétons, sur le trottoir, évitant les bagnoles et les bus, sur la chaussée, effectuant quelques figures pour passer de l'un a l'autre, Sam est a la recherche d'une boulangerie.

Il s'est réveillé tôt, tout à l’heure, dans l'appartement. Krishna dormait, nue à ses côtés, elle dort, sans doute, encore. Ca roupillait aussi du côté de Stéphane et Angèle, et il ne vit aucune trace de Svetlana.

Alors, n'aimant pas forcément rester en place, et désireux de jouer les lovers attentionnés, il a décidé de sortir acheter des croissants.

Elle a bien mérité son petit déjeuner au lit, la danoise. Je ne sais pas à quelle heure on s'est endormi, mais il faisait jour depuis longtemps et elle était toujours prête à re-re-remettre ça. Il doit falloir avoir le sang chaud pour survivre dans le froid nordique...

Rentrant un hollie, Samuel, remarque l'enseigne lumineuse d'une boulangerie. Skate, sous le bras, il y entre accompagné du son du carillon qui fait se retourner les 3 mamies, déjà a l'intérieur, suspendant ainsi leur discussion passionnée sur la mauvaise réputation du quartier et ses potins... La jeune qui fait office de caissière a l'air aussi peu passionnée que lui par ces commérages, mais il faut bien qu'elle vive, alors elle acquiesce, puis, au bout d'un moment, lassée, elle interpelle le skateur:

"Et pour le jeune homme, ça sera?

-Mais, Mademoiselle, s'insurge une des vieilles a qui l'abus de colorations capillaires donne une teinte violacée a sa coiffure, nous étions la, avant...

- C’est incroyable, renchérit une de ses acolytes, habillée toute fausse fourrure, nous passer devant!

_ Y'a plus de jeunesse, ajoute la dernière, au lifting foireux. De mon temps, on respectait les anciens!"

Et la, contrairement a toutes attentes, devant un Samuel médusé, la petite boulangère se rebiffe. Comme la goutte d'eau qui fait déborder le vase dans les proverbes, ces petites réflexions retraitées font exploser, en elle, des sentiments mêlés de frustrations, d’humiliations, de dégoût et de colère contenus, jusqu'à présent, grâce à la peur de perdre sa place et de tout ce qui en découle. Mais, seulement voila, en ce samedi après-midi, ça ne passe plus. Elle en a assez et elle le dit, elle le crie :

"Bon, les mamies, écoutez-moi bien: ça fait bien 5 minutes que vous êtes là, à papoter gentiment de-ci, de-ça, de tout, de rien (surtout de rien, mais passons) et c'est comme ça tous les jours. On dirait que vous vous donnez le mot: rendez-vous a la boulangerie, on peut discuter paisiblement là-bas, la Elles ruminent, elles piaillent...:" On n'a jamais osé, grand dieu, nous parler ainsi... Oh... Oh.... Ce n'est pas possible... C'est impensable d'être aussi mal élevée... Non, mais sans blagues... Mais, vous êtes  folle, mademoiselle!... Tant de grossièretés dans une si charmante bouche.... Je suis sure qu'elle couche avec des Arabes... Ou bien... des Noirs... Non, vous croyez'?... Mon défunt mari a fait la guerre.... Leur faudrait une bonne guerre...demoiselle est gentille, pas trop causante, mais souriante, patiente, gentille...

Alors, vous venez la, chaque jour, parfois deux fois par jour, vous mettez une demi-heure à acheter une demi baguette étant donné que vous rencontrez, ici, vos amies. C'est normal, elles aussi, elles n'ont que ça à foutre...

PUTAIN, VOUS FAITES TELLEMENT CHIER CHEZ VOUS? CA PUE LE RENFERMÉ OU QUOI DANS VOS BEAUX APPARTEMENTS!?

Alors, oui, ce jeune homme est entré, et oui je lui ai demandé ce qu'il voulait. OUI, il passe avant vous. NON, je ne respecte pas les anciens débris de votre genre. Je ne vous ai jamais respecté, mais, maintenant je vous le dis :  « VOUS ME SAOULEZ, VOUS M’EMMERDEZ! »

Retrouvant son calme et son sourire, après une brève respiration, elle s'adresse a Sam:

"Et pour le jeune homme, ça sera?"

Merde, on peut dire qu'elle a du cran cette fille.

Il est subjugué.

Le petit troupeau de vieilles, offusqué, trépigne sur place. Elles non plus, n'en reviennent pas. Elles sont outrées, choquées, touchées en plein coeur.

Ignorant les japissements et la consternation des clientes du troisième âge qui n'en finissaient pas, la caissière, réitère sa demande a notre Samuel qui, ayant eu une courte nuit, commence a sortir de son mutisme pour bafouiller ceci:

 " Je vou... je vou... heu... je voudrais des croi... des croissants, s'il vous plaît..

- Bien sur, hurle-t-elle afin de couvrir les braillements de protestation des mamies. Des croissants. Vous avez de la chance, aujourd'hui c'est la maison qui offre. Vous avez entendu, les grand-mères?"

Et, elle commence a prélever les croissants de la vitrine pour les ranger dans un grand sac a pain. Elle dévalise, tranquillement, le stock de croissants, beurre et sans beurre. Alors qu'elle attrape le dernier, une des clientes apostrophée, prend un air solennel et la parole:

" Mademoiselle, je ne sais pas si c'est sous l'effet de consommation de drogues ou si vous avez réellement des problèmes, mais sachez que votre attitude est inadmissible et que vous entendrez parler de moi, Mme Veuve Ikalevinsky, Simone.

- Ah, ouais, ben moi je ne sais pas si c'est l'excès de connerie ou de vieillesse qui vous ronge, mais, je peux vous dire que vous n'entendrez plus parler de moi. Je démissionne, je me tire... Marre de supporter des mamies toutes la journée pour un salaire de misère. Alors, ciao les vioques. Bonjour chez vous."

Sur ces paroles, elle escalade le comptoir, tend le sac d'au moins une vingtaine de croissants a Samuel et lui dit:

"Vos croissants, Monsieur... Allez, on se tire. Tu sens pas cette odeur de moisi?"

Et elle sort de la boulangerie, faisant signe à Samuel de la suivre. Ce dernier ajuste le temps de remarquer, avant de refermer la porte derrière lui, que cette dernière phrase a provoqué un évanouissement de la vieille aux cheveux violet, et la panique de ses congénères. Ses croissants dans une main, son skate dans l'autre, cette jeune fille, ma foi plutôt mignonne, a ses côtés, Sam, encore tout pantois devant tant de rage, s'adresse, finalement, a celle qui vient, sous ses yeux, de rompre définitivement avec son travail de façon assez fulgurante:

" Putain... T' y est pas allé de main morte avec ces mamies. T'a vu? Je crois qu'y a une qu'est tombé dans les pommes...

- Franchement, je me fous, répond-elle, toujours en souriant. Je suis sur qu'elle va s'en remettre. Tu m'étonnes avec tout ce qu'elle va avoir a raconter... Ca va bien les occuper ces connes...Enfin, un événement dans le quartier.

Ouais, mais quand même... Toi, doit pas falloir t'emmerder...

- En fait, non. J'ai un caractère de nature calme, limite réservée. Le genre à sourire en toute situation, quoi que je pense à l'intérieur. J'ai tendance à me résigner, à attendre que ça se passe, à attendre de jours meilleurs.

Mais la, je ne sais pas ce qui m'a pris. C'est venu tout seul. Ce que d'habitude je pense en moi-même, sans ne laisser rien transparaître à l'extérieur, qu'un sourire dentifrice, là, je l'ai formulé à voix haute en ne pensant à rien. C'est bizarre, mais c'est sorti comme ça...

"Au fait, moi c'est Isabelle." Et décrochant le badge éponyme de son corsage, elle le tend à Samuel: " Ben, moi, c'est Sam. Enchanté.

-,Te te jure, Sam, ça fait un bien fou! Je viens de renaître, la. Je me sens différente. Une nouvelle Isa. Finie, la potiche. Merde, on n'a qu'une vie... Sérieux, je ne vais pas gâcher ma jeunesse à servir la vieillesse. Ah, quel soulagement! T'as jamais eu envie, toi, de cesser d'être passif, de devenir actif, d'aller jusqu'au bout des choses?

- Ben, tu sais, moi, j'ai jamais eu trop l'occasion d'être passif. Je ne sais pas si je vais, comme tu dis, jusqu'au bout des choses, mais j'évite, au maximum, de rester inactif...

- Tu m'as l'air plutôt calme pour quelqu'un de si actif..

-Hey, j'me réveille, moi, et puis t'avouera que d'assister à un tel truc, ça laisse sur le cul, non?

- Ah, ça, les vieilles, elles le sont, sur le cul... Ah... ah... Sinon tu fais quoi, toi, comme boulot? - Moi? J'suis étudiant, en histoire, principalement...

- Ah bon? T'as quel âge?

- Moi, 22, ment-il, et toi?

- 23

Tiens, je l'aurais cru plus jeune. J’aurais presque pu lui avouer mes 27 ans. Tant pis...

Ignorant la pensée de son interlocuteur, elle continue:

"Moi, depuis peu, je suis chômeuse... Tiens pour fêter ça, je te paie un café, avec les croissants... - Ben, écoute, j'aurai bien voulu, cela aurait été avec plaisir, mais je crois que ça va être pas possible... " Un bref silence, puis, Sam, reprend:

" C'est bête, on m'attend, déjà, avec ces croissants...

- Ah, ouais je comprends, répond Isabelle, un peu déçue, baissant, du même coup, l'intensité de son sourire. - Je sais, c'est con, approuve Sam, tout en se demandant s'il n'aurait pas du accepter la proposition de cette demoiselle, qu'il trouve, d'ailleurs, charmante et qui semble éprouver semblable sentiment a son égard.

- Bon, ben ça sera pour une autre fois, réplique-t-elle, à nouveau enjouée, comme si elle possédait un don de. télépathie, ou plus simplement, comme si l'émotion de l'étudiant attardé était visible " 

Elle récupère son badge de la main de Samuel, sort un stylo et en dessous de son prénom, y inscrit son numéro de téléphone, elle la repose, ensuite, la ou elle l'avait prise, tout en déposant un baiser furtif sur sa joue:

" Salut, alors. Bon petit dej'. Appelle quand tu veux, lance-t-elle avant de s'engouffrer dans une bouche de métro devant laquelle ils s'étaient arrêtés.

- Je n' y manquerai pas, pense Sam, et la regardant disparaître, déclare à très

haute voix : "Merci pour les croissants", pas du tout persuadé, qu'au milieu des bruits de la rue, son remerciement lui soit parvenu. Mais bon, c'est l'intention qui compte.

Puis il reprend sa route, en marchant.

Fais chier. Une montée, pas moyen de rider.

Bon, finalement, je m'en tire pas trop mal de cette balade matinale (en plein après-mid).. D'abord j'ai eu droit a un spectacle rare de rébellion, puis à des croissants gratos et pour finir le numéro de téléphone d'une jeune fille.

Rien que du sympathique... Et puis, y'a Kristina qui m'attend dans son appartement.... J'espère qu'ils ont faim, là- haut, parce qu'on a des croissants pour tout le week-end, là….

croissants


22 avril 2007

...

Samedi 15h,

centre commercial "La Parisienne",

Les Ulis:

 
 

C

 


'  ' est marrant, pourquoi ils ont appelé ça  « La Parisienne »? J'en sais rien et je m'en fous. Je me pose trop de questions, des fois. Mais, c'est chelou ce nom: "La Parisienne ". Est-ce qu'en banlieue de Marseille, on trouve des petits centres commerciaux s'appelant "La Marseillaise ", a Lyon, "La Lyonnaise"? A moins qu'ils s'appellent aussi         " La Parisienne"?
        Enfin, passons...

Paul vient uniquement, acheter ses clopes ici. Parfois, aussi y faire quelques courses, mais pas aujourd'hui. Il n'est pas la, de toute évidence, pour se lancer dans une analyse sur le nom des centres commerciaux dans les cités dortoirs. Sous le soleil qui rayonne à travers les tours dans un ciel bleu sans nuages, il devrait réfléchir à d'autres choses, plus dignes d'intérêt.

Dans ce petit centre commercial perdu au bord de la route, entre deux arrêts de cars, relié aux quartiers l'entourant par deux passerelles recouvertes de plantes et de grillage (afin d'éviter les jets intempestifs de projectiles sur les voitures et spécialement sur celles des fonctionnaires), on trouve, outre le fameux bar-tabac-PMU, la pharmacie habituée à vendre du néo-condion, la boulangère surveillant ses bonbons, les vigiles de la supérette fliquant tout ce qui porte une casquette ou un survêt' (ça en fait du monde), mais aussi une auto-école et une Maison Pour Tous, délaissée par tout le monde, sauf par ses animateurs et leurs potes.

Souvent, le nouveau parking, aménagé récemment devant le tabac, pour faciliter un arrêt rapide des fumeurs automobilistes, est squatté par quelques cailleras (de 1 a 20) qui en ont fait leur base stratégique.

Agglutinés autour d'une Mercedes immatriculée en Allemagne, gravant des numéros de portable sur la cabine téléphonique, adossés aux murs taggés ("Nike ta mère! - 'Les Ulis an Force!"). Ils occupent le terrain.

Ils font monter le sentiment d'insécurité, baisser le chiffre d'affaire du bar-tabac, parler les mamies, pleurer les mères, rêver les gamins, venir les toxs en manque...

Mais cet après-midi, il n'y a personne, malgré le beau temps. Paul ne va pas s'en plaindre. Il s'en tape. Ils font partie du décor, il suffit de tracer sa route et ils font pas chier. Parfois, il leur lâche une clope en vitesse en sortant du tabac, mais jamais plus.

Paul n'a pas envie de chercher d'embrouilles avec des mecs qu'il voit tous les jours et qui n'ont, parfois, pour certains rien d'autre à foutre: "C'est la galere, gars... T' as pas un joint'? Non? Alors, tu veux pécho?"

Et puis, en ce samedi, Paul est content en faisant la queue au tabac. Il a le sourire sous sa légère gueule de bois. La chance est avec lui. Il n'en revenait pas, tout à l’heure, au lever.

Toute cette thune (7 billets de lO0 5 de 500, 4 de 200: 3 000 balles) et toute cette beuh (plus de 180g en comptant ce qu'il a fumé et donné à ses potes avant de se coucher) a 50 balles le gramme au détail. Tout était à lui. Tout est à lui.

Près de deux semaines de salaires et plus d'un mois (ouais, bien plus!) de conso. Tout ça pour moi. Tant pis, non, tant mieux pour ce petit facho de merde.

Bon, c'est chaud. J'espère qu'à part Sam et ses potes, personne d'autre ne m'a grillé à l'étage. Reste calme, plus de 50 personnes ont du passer dans la nuit. On ne peut pas me soupçonner. Non, y a peu de chances. Et puis, c'est pas mes potes qui vont me balancer, alors...

Putain, j'ai le cul bordé de nouilles sur ce coup la. C'est vrai, que ce n'est pas commun chez moi de croiser la chance, mais la: chapeau! Et puis enculer un enculé, c'est normal. En plus, j'ai fait une action politique. Je suis un Robin des Bois moderne. Volons aux fachos pour donner aux anti fachos!

Il ne s'était jamais défini comme tel auparavant, ni n'avait preuve d'aucun acte le démontrant, mais il est du bon, celui des gentils, des humanistes résignés. Alors.

Voler un méchant, c'est uniquement lui faire payer la monnaie de sa pièce. Et il n'v a pas de sales profits. Bon, je me contredis la, mais c'est pas grave ce qui compte c'est le résultat. Et la, il est perfect.

Étant dans un état d'esprit optimiste, pensant être placé sous le signe de la chance, lorsque arrive son tour a la caisse, il demande, comme d'habitude un paquet de Camel, et sans savoir pourquoi, enfin, si, inconsciemment persuadé de sa veine, il rajoute: -Mettez-moi un banco, aussi."

Il paye, sort et sur le chemin, s'allumant une cigarette, il sort le ticket de "Banco, ça banque illico" pour le gratter.

On peut gagner 5 000 francs, dit la pub. Et je ne sais pas pourquoi, mais sur ce coup la, je le sens, ils sont pour moi. Pour une fois que j'ai du pot! Faut sauter sur l'occasion, quand elle arrive faut pas la laisser s'enfuir, cette conne de chance. Prise au piége!

Donc, je mets toutes les cartes de mon côté, je joue au banco, et hop: 5 000 francs cash. Ce n'est pas possible autrement. C'est ma destinée, je vais gagner, j'ai sans doute déjà gagné.

Persuadé, que le chiffre 5 000 va s'afficher en toutes lettres, derrière la case grisée "grattez ici", il s'arrête sur un banc, une pièce de monnaie et frotte fortement a l'endroit indiqué, persuadé d'effectuer une pure formalité. malheureusement, le résultat escompté n'est pas a la hauteur de ses illusions:

Vos Gains: Zéro franc.

Stupeur! Stupéfaction! C'est quoi cette merde? J'ai pas gagné! Saloperie! C'est pas normal! Pour une fois que je jouais, peut-être la première, j'aurais du remporter la mise. Y’a pas de justice!

Le moral de Paul en prend un coup. Oubliés les 3 000 francs en liquide! Oubliée l'herbe endormie et désormais a lui!

Il ne reste plus que ce ticket, ridicule, de la Française des Jeux.

Perdant, le con! Même pas 5F (son prix), non que dalle. Y a plus de morale! J'attendais au minimum un Pascal!

Il déchire frénétiquement le Banco, jette ses miettes dans une poubelle et arrivant chez lui, son enthousiasme provisoirement envolé, il allume la télé, une vieille série ricaine sur M6 envahit son cerveau...

Plutôt bas comme niveau. C'est pas de pot...

21 avril 2007

...

biere

Samedi 14h45
Un studio dans un immeuble standing,
RN20, Antony

 

 
 

F

 


red, sirote paisiblement sa troisième bière de la journée devant un match de rugby Toulouse-Carcassonne retransmis par la télévision d’État, tandis que Julien s’assainit sous l’eau brûlante.

 

Il s’est levé vers midi, couché à 7h00. Mais il s’estime reposé et en bonne santé.

 

Paré à toute éventualité.

 

 

 
 

 

Il s’est vite enfui de chez lui, une petite pièce minable, et est allé au bistrot, juste en bas de son immeuble. C’est d’ailleurs fait exprès, ce bar-tabac. C’est même ce qui l’a poussé à s’installer ici, malgré l’aspect pitoyable et minuscule de son logement. Au moins, y a un bistrot, pas loin.

 

C’est sa deuxième maison a Fred. C’est la qu’il s’est trouvé une famille. Il y a ses habitudes, maintenant, et, depuis peu, une ardoise.

 

Il est monté en grade (la maison ne fait pas crédit c’est écrit), il est devenu un meuble du lieu, tout autant que Riton le Chanceux (il pense être cocu et par conséquent, gagne souvent au tiercé), Francis l’Artiste (il écrit et il gribouille sur les vieux numéros du Parisien qui traînent sur le comptoir), ou que Tonio « C’est ta tournée, ou bien? » (dis, excuse-moi j’ai pas un sou, c’ est ta tournée ou bien?). tournée, ou bien?" (Dis, excuse-moi j'ai pas un sou, c'est ta tournée ou bien?).

 

Il est devenu le gosse beau ("et oui, les gars, elles sont toutes folles de moi!".

 

Ainsi, vers midi et demi, a l'heure de l'apéro, il est descendu au "Bar du Coin", et pour commencer la journée, a pris deux demis en compagnie de ses amis de zinc, tout en essayant de refourguer, pour la énième fois, une de ses cartes de visite a Jessica, la serveuse, blasée, mais amusée.

 

Il est resté plus d'une heure à raconter des conneries a des personnes qui soient n'en avaient rien à foutre, soient en déblatéraient de plus grosses.

 

Ah, la bonne vieille ambiance du bar de proximité... Les bonnes vieilles blagues bien grasses... Les bonnes vieilles cacahouètes bien huileuses...

 

L'écran du PMU, dans un coin de la salle, aimante le regard de vieux rebeus et portugais qui espèrent, derrière leurs cafés ou leurs canons, qu'une hypothétique combinaison gagnante les ramènera, un jour, au pays... L'entrée remarquée et parfois sifflée de jolies filles au tabac: "Un Marlboro light s'il vous plaît.."... Les discussions animées sur des sujets peu enflammant... Les odeurs mélangées de café, de bière, de vinasse, de tabac blond, brun, chaud, froid; celle de la transpiration des travailleurs masquée par d'horribles after-shave bon marchés...

 

Ah... L'atmosphère des troquets... Il s’y sent bien, il est dans son élément.

 

Fred aurait aimé travailler dans un bar, comme serveur ou barman. Boire à l'oeil toute la journée, servir des jolies filles, discuter avec les piliers de comptoir, être de l'autre côté du comptoir, manier le jet a pressions... La vie de rêve, quoi!

 

Assumer sa vie d'alcoolique... Le patron de bistrot est un peu le dealer du buveur, et même plus encore. Il vous donne bonne conscience de boire. Si j'arrête de picoler. Qui lui permettra de vivre? Il y a tant de cafés qui ferment, les gens préfèrent la télévision.

 

Alors, se rendre dans un débit de boissons devient un acte politique.

 

Soutenons le petit commerce! Tissons des liens de voisinage! Tisons!

 

Et, Dieu ou le Diable, sait que Fred se tient à cet adage, fort bien d'ailleurs. On peut même affirmer

 

qu'il tient bien, tout simplement Il a une bonne descente. A défaut de voir des éléphants roses, il a de commun

 

 avec les ivrognes et les pachydermes son taux de tolérance élevé quant a l'absorption d'alcool par son

 

corps.

 

Un peu plus d'une demi-heure plus tard, quand Julien ressort de sa douche, tout beau, tout propre, et mal rasé, Fred, quittant ses réflexions, passant à la pratique, lui demande s'il veut la dernière bière. "Non? Je la bois, alors."

 

Son copain préfère rouler un joint. Il cherche dans un emballage de kleenex une tête de skunk qui lui a été généreusement offerte par Paul, ce matin.

 

Fred décapsule, a l'aide d'un briquet, sa nouvelle bière en rotant. Julien tire sur la première latte du pétard en pétant. Et ils se marrent:

 

" N'empêche qu'il a assuré l'ami Paulo, carotter un facho! Il doit être vachement fier de lui, pour une fois qu'il réussit un truc.

 

- Tu m'étonnes, réplique Fred, en buvant une gorgée qui lui macule la lèvre supérieure d'une onctueuse mousse.

 

Tu m’étonnes..."

bistrot

20 avril 2007

...

Samedi 14h30

Un studio dans un immeuble standing,

RN20, Antony

 

 

 
 

L

 

a sonnerie tonitruante qui résonne dans les 25m2 tire brutalement Julien, le chômeur en week-end d’un sommeil profond et le plonge instantanément dans un fichu mal de tête accompagné de légères brûlures intestinales.

Putain, c’est quoi ce bordel ?

Il s’arrache difficilement de son lit et va jeter un coup d’œil à peine ouvert à son visiophone. L’écran de celui-ci lui dévoile un visage souriant et énergique que Julien identifie à celui de Fred. Décrochant, le combiné il reconnaît aussi sa voix animée qui lui demande s’il va bien et s’il peut lui ouvrir la porte.

Appuyant sur le bouton adéquat, puis raccrochant, Julien reste le regard fixé sur l’écran noir et blanc, observant la silhouette de son pote disparaître derrière une porte qui se referme...

Quelques secondes plus tard, Fred fait irruption face à lui. Il a la mine un peu fatiguée, les yeux, déjà rouges, cernés, un peu de salive séchée a la commissure des lèvres, mais il dégage, néanmoins une réelle vigueur et se dit en pleine forme.

Julien a, à peine, le temps de réaliser qu’il vient de lui serrer la main, que Fred est déjà en train d’ouvrir son volet roulant en lui indiquant que le soleil se doit de ne plus rester longtemps absent de cette pièce, d’entrouvrir la porte-fenêtre, en précisant, dans un ricanement, que ça pue drôlement, et le voila assis dans son fauteuil, allumant une cigarette dont il tire une grande bouffée avant de la recracher sous la forme de ronds de fumée:

« Et bien, t’en tires une gueule! Il était tant que j’arrive. T’étais parti pour pioncer toute la journée si Tonton Fredo n’était pas venu te sortir du lit...

- Oh, ma tête! , répond Julien. Je suis mal, moi. Ouais, je serai bien resté au pieu. Il est quelle heure, la?

- Deux heures et demi, l’heure du demi, mon ami. Je vois, d’ailleurs, des cadavres ici. »

Fred désigne quelques bouteilles de bière vides laissées à l’abandon et traînant de-ci de-la sur une table basse et ses alentours.

- T’en aurais pas une vivante pour moi, par hasard? »

- J’sais pas. Sans doute... Mate dans le frigo, moi je vais pisser. »

Djule attrape, quand même une des cigarettes qu’il avait laissé la veille sur sa table de chevet, l’allume et va se vidanger dans la salle de bain.

Il a vraiment du mal, aujourd’hui. J’y suis allé un peu fort, hier, réalise-t-il en scrutant son jet d’urine jaunir l’eau des toilettes.

Je devrais peut-être me calmer un peu. En tout cas, c’est décidé, je ne bois plus de vin rouge. C’est pas la gloire, en vérité, que de dormir dans sa gerbe en soirée... Tout ça pour ça!

Non, je vais ralentir un peu la picole, C’est clair le pinard, au moins, c’est fini. Rien que d’y penser mon ventre se rebelle, il s’enflamme. C’est décidé, j’arrête le pif!

«  Hey, t’en veux une aussi? , l’interrompt bruyamment Frédéric, qui a trouvé son bonheur, a base de houblon, au frigidaire.

- T’es dingue ou quoi? A cette heure-ci, pour moi, un efferalgan fera l’affaire. J’sais pas comment tu fais...

- L’expérience entraîne l’endurance... »

Et les voila, tous les deux, assis. Chacun devant son verre. Fred, un demi. Jules, un efferalgan vitamine C. Dans les deux, des bulles remontent tranquillement a la surface. Pour l’un c’est l’ivresse qui commence avec elles, pour l’autre c’est uniquement de l’effervescence.

On entend une sirène qui passe sur le boulevard, sans doute des pompiers. Fred, brise le silence:

« Pas terrible, hier, la soirée. Y’ a eu mieux... J’ peux allumer la télé, vu ta conversation...

 

 
 

 

- Oh, oh... J’sors du lit, la. Faut pas trop en demander... Si tu trouves la télécommande... Vas-y. Moi, j’ vais prendre une fuck’in che-dou. J’en ai gravement besoin. Je pue la vinasse, moi...

- J’osais pas te le dire, mais puisque tu y tiens: vas te laver et, pendant que t’y est, ramasse aussi tes fringues qui schlinguent!

- Et reviens-moi propre! Fais-toi belle... 

- Fais pas chier! s’ exécute Julien.

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