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Le rôt ment
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Le rôt ment
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21 avril 2007

...

biere

Samedi 14h45
Un studio dans un immeuble standing,
RN20, Antony

 

 
 

F

 


red, sirote paisiblement sa troisième bière de la journée devant un match de rugby Toulouse-Carcassonne retransmis par la télévision d’État, tandis que Julien s’assainit sous l’eau brûlante.

 

Il s’est levé vers midi, couché à 7h00. Mais il s’estime reposé et en bonne santé.

 

Paré à toute éventualité.

 

 

 
 

 

Il s’est vite enfui de chez lui, une petite pièce minable, et est allé au bistrot, juste en bas de son immeuble. C’est d’ailleurs fait exprès, ce bar-tabac. C’est même ce qui l’a poussé à s’installer ici, malgré l’aspect pitoyable et minuscule de son logement. Au moins, y a un bistrot, pas loin.

 

C’est sa deuxième maison a Fred. C’est la qu’il s’est trouvé une famille. Il y a ses habitudes, maintenant, et, depuis peu, une ardoise.

 

Il est monté en grade (la maison ne fait pas crédit c’est écrit), il est devenu un meuble du lieu, tout autant que Riton le Chanceux (il pense être cocu et par conséquent, gagne souvent au tiercé), Francis l’Artiste (il écrit et il gribouille sur les vieux numéros du Parisien qui traînent sur le comptoir), ou que Tonio « C’est ta tournée, ou bien? » (dis, excuse-moi j’ai pas un sou, c’ est ta tournée ou bien?). tournée, ou bien?" (Dis, excuse-moi j'ai pas un sou, c'est ta tournée ou bien?).

 

Il est devenu le gosse beau ("et oui, les gars, elles sont toutes folles de moi!".

 

Ainsi, vers midi et demi, a l'heure de l'apéro, il est descendu au "Bar du Coin", et pour commencer la journée, a pris deux demis en compagnie de ses amis de zinc, tout en essayant de refourguer, pour la énième fois, une de ses cartes de visite a Jessica, la serveuse, blasée, mais amusée.

 

Il est resté plus d'une heure à raconter des conneries a des personnes qui soient n'en avaient rien à foutre, soient en déblatéraient de plus grosses.

 

Ah, la bonne vieille ambiance du bar de proximité... Les bonnes vieilles blagues bien grasses... Les bonnes vieilles cacahouètes bien huileuses...

 

L'écran du PMU, dans un coin de la salle, aimante le regard de vieux rebeus et portugais qui espèrent, derrière leurs cafés ou leurs canons, qu'une hypothétique combinaison gagnante les ramènera, un jour, au pays... L'entrée remarquée et parfois sifflée de jolies filles au tabac: "Un Marlboro light s'il vous plaît.."... Les discussions animées sur des sujets peu enflammant... Les odeurs mélangées de café, de bière, de vinasse, de tabac blond, brun, chaud, froid; celle de la transpiration des travailleurs masquée par d'horribles after-shave bon marchés...

 

Ah... L'atmosphère des troquets... Il s’y sent bien, il est dans son élément.

 

Fred aurait aimé travailler dans un bar, comme serveur ou barman. Boire à l'oeil toute la journée, servir des jolies filles, discuter avec les piliers de comptoir, être de l'autre côté du comptoir, manier le jet a pressions... La vie de rêve, quoi!

 

Assumer sa vie d'alcoolique... Le patron de bistrot est un peu le dealer du buveur, et même plus encore. Il vous donne bonne conscience de boire. Si j'arrête de picoler. Qui lui permettra de vivre? Il y a tant de cafés qui ferment, les gens préfèrent la télévision.

 

Alors, se rendre dans un débit de boissons devient un acte politique.

 

Soutenons le petit commerce! Tissons des liens de voisinage! Tisons!

 

Et, Dieu ou le Diable, sait que Fred se tient à cet adage, fort bien d'ailleurs. On peut même affirmer

 

qu'il tient bien, tout simplement Il a une bonne descente. A défaut de voir des éléphants roses, il a de commun

 

 avec les ivrognes et les pachydermes son taux de tolérance élevé quant a l'absorption d'alcool par son

 

corps.

 

Un peu plus d'une demi-heure plus tard, quand Julien ressort de sa douche, tout beau, tout propre, et mal rasé, Fred, quittant ses réflexions, passant à la pratique, lui demande s'il veut la dernière bière. "Non? Je la bois, alors."

 

Son copain préfère rouler un joint. Il cherche dans un emballage de kleenex une tête de skunk qui lui a été généreusement offerte par Paul, ce matin.

 

Fred décapsule, a l'aide d'un briquet, sa nouvelle bière en rotant. Julien tire sur la première latte du pétard en pétant. Et ils se marrent:

 

" N'empêche qu'il a assuré l'ami Paulo, carotter un facho! Il doit être vachement fier de lui, pour une fois qu'il réussit un truc.

 

- Tu m'étonnes, réplique Fred, en buvant une gorgée qui lui macule la lèvre supérieure d'une onctueuse mousse.

 

Tu m’étonnes..."

bistrot

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