...
...Le retour...
Dimanche, une heure du mat',
au bout de
l'avenue de Strasbourg :
F |
En effet, il aurait pu, ainsi,
se rendre compte qu'il ne valait mieux pas mieux les croiser dans leur, état ,dans
son état. Le clash, la tension était prévisible.
Mais, beurré comme une tartine normande (avec le sel et
tout!), il n'avait rien calculé. Il avait continué a
marcher, maudissant la police et les chiffres.
On s'en chiffre des keufs! Mer ...hips...deu ! Fais chier! Et plus une goutte de skihoui...
Hips… Tiens, j'vais rou...hips...ler
mon dernier joint... Faut qu'...hips... trouve des yeufs!
Et, là, grossière erreur et
piètre coïncidence, les lascars , ricanant, se rapprochèrent de lui et il eu le
malheur de les accoster en premier:
" Hey,
les djeunes. Z’avez pas du papier a lérou. Par.. hips... hasard? Siouplaît ... Hips...
Cimer!... hips.., Yo!..."
Apostrophés si maladroitement
par un si beau pigeon, les scarlas s'en donnèrent a cœur joie. En
l'espace, restreint mais intense, de deux minutes, les :
"Lâche nous un joint, vas-y fais ap le iench'!"
"T'as pas balles dix?"
"Chécra tes garrots, on est en lèrega!"
" Ksa
mere, l'a l'air d'avoir colpi keuss, le gaori!"
" Téma, il est fracass vegra! Y pteca wallou!"
"Ta mere, la bouffonne au Bigdil!"
" Cefa de yaourt céfran périmé!"
"Ta reuss, je la baise
avec des sacs fourcas comme poteca!"
"Nardinmok! Y dit dalle que!"
« Chanmé, il pefli!"
etc….
Jaillirent
de toute part.
Fred,
n'ayant pas eu le temps d'opter pour une conduite à tenir face a cette agression
verbale, n'eut pas moins le temps de réfléchir à une défense physique
quand les coups et les insultes se mirent a pleuvoir en trombe sur son corps et
son esprit anesthésié par les effets de l'alcool.
C'est tout juste, s'il eut le
réflexe de se protéger des coups de pieds qui s'acharnaient sur l'homme à terre
qu'il était.
Il
perçut un " On s'chearra, y' a du de-mon!" et un ultime
choc sur son crâne.
Puis,
l'accalmie...
Comme
on peut se retrouver perdu, trempé, surpris par un orage, Fred,
s'est retrouvé paumé, saignant, abasourdi, détroussé, battu par des
ados en folie nourris aux films de gangsters, à la publicité,
et au désoeuvrement.
Seuls,
pas violents; accompagnés, des chiots enragés.
Il lui
a fallu bien dix minutes pour se relever, à proximité d'un chiotte électrique
et payant.
Une
putain, revenant d'une passe, l'aida à se remettre debout et lui fila 2 francs
pour qu'il puisse se nettoyer au WC public privé.
Putain! J'me rappelle pas de sa tronche ni de ses
roberts! Ca se trouve elle était bonne et elle aurait eu pitié de moi. Une
petite pipe a l'oeil pour panser mes blessures.
Éjaculer dans sa bouche ma honte
post-traumatique. Même pas, la pute! Elles portent bien leur nom celles-la!
Depuis,
une toilette sommaire effectuée, à base d'eau savonneuse et de pq, du sang
séché sur ses vêtements, la putain étant repartie gagner son pain dans une
voiture, Fred a repris sa route, clopinant péniblement, grâce à son
récent éclopage-dévalisage.
Ces arabes de merde m'ont tout tiré: mes dix balles, mon briquet, mes clopes et ma
boulette! Fils de putes! Y m'ont heureusement laissé mon blouson, ces cons. Ah!
Bordel, j'suis pas raciste, mais quand même les bicots. Chaque fois qu'y a un sale coup, ben, y faut qu'y en
soient. .
Reprenant ainsi,
inconsciemment, à son compte des paroles de Renaud, Frédéric s'enfonce,
lentement mais sûrement, sur une pente xénophobe dont l'issue est
fatalement regrettable, innommable, préjudiciable,...
Peut-etre
l'alcool est-il pour beaucoup dans cette réflexion plus que douteuse et
inacceptables de sa part; mais il n'excuse pas tout, surtout pas le pire.
Et ce, même si, en se moment,
se dirigeant vers le sud, Fred, bien raide est vraiment dans son pire état,
mental et physique. La perdition s'approche à grand pas, tandis qu'il se
rapproche à petit pas de la nationale 20.
Dire que lundi, je dois aller au commissariat pour
récupérer ma caisse. Les ennuis ne sont pas terminés et je ne suis pas couché!
Si je faisais
du stop?