...
Samedi, 23h45,
Paris,
quartier
St-Germain:
L |
e resto digéré, le film
terminé, Sam et Kristina, se sont rendus dans grande brasserie
éclairée, sur le boulevard. Les garçons de cafés sont en tenue, le patron
a un accent auvergnat, le comptoir rengorge de titis parigots,
la salle de riches couples, légitimes et illégitimes, de
quinquagénaires, sortant eux aussi du cinéma, mieux, du théâtre.
Au
milieu de tout ce monde, ils se sont installés, sur une petite table,
dans un recoin, autour d'un gin-fizz pour la danoise et d'une pression
ordinaire pour le skateur.
Ils
ont parlé du film, enfin surtout elle, et ce, dans un français bien meilleur,
que celui que l'étudiante ne voulait bien lui montrer, la veille. Décidément,
pensa Sam, les filles m'étonneront toujours. Il fut encore plus
surpris par la parfaite connaissance, de cette demoiselle, du cinéma français
d'avant-guerre.
Ils
sont allés dans une petite salle d'art et d'essai, à peine trente places, voir
"La Règle du Jeu" de Renoir, qui se jouait a l'occasion d'un obscur
festival sur "Le rôle et la place du métier de garde-chasse dans l’ histoire
des films maudits".
Kristina,
lui a-t-elle raconté, a appris le français, grâce a la vidéothèque de son
père composée, exclusivement, de films français des années trente à cinquante,
sous-titrés en danois.
Et
maintenant, alors qu'elle loue, dans un langage bien plus littéraire que celui qu'il emploie
journellement, l'intensité dramatique de
l'allégorie de la partie de chasse, la
superbe interprétation de Dalio dans le personnage du marquis, qu'elle encense ce drame gai, ce vaudeville
métaphysique, Sam est plongé dans
les méandres du regard bleu et vert
qui le fixe, bercé par un blabla digne
des Cahiers du Cinéma, aux enchantant accents
danois.
Il bénit ce père, qui depuis
le fin fond du Danemark, grâce a sa franco-cinéphilie, a donné vie et envie de
venir en France, à ce petit bijou de femme, actuellement en face
de lui. Elle est folle de lui, il en est sûr.
Pendant qu'elle s'absente au
fond a droite, en bas de l'escalier, il allume son portable afin d'y consulter
ses messages. Il trouve celui de Julien :"Kestufou soir-ce? Djule.". Il
tape sa réponse sur les touches: " Plan
Q! Bisous". Il envoie le SMS, éteint le Sagem et le repose dans sa
veste, tandis que son plan q revient
s'asseoir, après un tendre et rapide baiser, à ses côtés.
Ils
finissent leurs consommations, Sam, bon prince, va payer au comptoir (75 balles, c'est
fini le temps du charbon, hein mon coco,
s'adresse-t-il mentalement au bougnat qui lui rend la monnaie).
Il
rejoint Kristina dehors, l'enlace d'un bras, à son grand réjouissement et de
l'autre hèle un taxi qui s'arrête, à son grand étonnement.
C'est
donc réjouis et surpris qu'ils montent dans une Mercedes 300. Il indique la
destination au chauffeur, un africain, casquette de base-ball enfoncée
sur ses lunettes, et tandis que la danoise commence à lui léchouiller
le cou, il songe à cet appartement inoccupé (les autres sont partis en rave) et
à toutes les combinaisons acrobatiques que leurs réservent toutes ces
pièces vides mais pleines de ressources (machine à laver, bar a l'américaine,
tables de toutes tailles, canapé, et autres accessoires accessoirement,
ou non, d'ameublement...).
La nuit va être longue (les raves, ça ne se finit qu'au petit matin) et
agitée....
|
|