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Le rôt ment
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Le rôt ment
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29 avril 2007

...

monsieur_bourre

Dimanche, minuit et demie,

aux alentours de Gare de L'Est:

Il est vrai que Frédéric, passablement éméché, poussant un juron relatif a l' hypothétique mère de la flasque de whisky, qu'il vient de jeter, vide, par terre, est loin de toute prise de position sur ses goûts musicaux.

On peut même affirmer, à son grand dam, qu'il est à milles lieux de pouvoir ne serait-ce que formuler une miette de pensée sensée. Déjà qu'il lui a fallu près de trois quart d'heures pour relier, a pied, deux gares que même un touriste japonais, photographiant à tout va, peut joindre en moins de 10 minutes. 

Il faut dire qu'il en tient une couche, ce soir, Frédéric le beau gosse de chez Carrefour, le rayon, tout au fond, a gauche, celui des alcools...

Il n'a pas encaissé comme d'habitude. D'ailleurs, rien ne s'est passé normalement ce soir.

Il était, pourtant, persuadé, que ce coup ci, il allait assurer. Frédéric, le magnifique. Il s'y voyait

déjà....

Alors qu'il glandait avec Julien, cet après-midi, son téléphone avait sonné et ô joie, ô espoir, une délicieuse voix féminine avait charmé ses oreilles.

Une prise, une.

Une demoiselle, une certaine Juliette, dont Fred ne se rappelait fichtre pas, était tombée sur une de ses cartes de visites et elle avait eu envie de l'appeler, de savoir s'il était libre ce soir pour venir dîner chez elle.

Carrément un dîner, il n'en revenait pas. Mimant, le mec over-booké, il prit, finalement l'adresse de ce cadeau tombé du ciel (Dieu existe, c'est une femme. Je l'aime!) et fêta cette bonne nouvelle avec Julien, qui délaissa son efferalgan pour ne pas laisser son pote trinquer tout seul:

" T'as vu, hein? Je ne suis pas un mytho... Tu vois que ça marche mon système. Une petite carte glissée a la va-vite, hop, hop,hop, un petit sourire et elles te rappellent. Elles sont folles de moi....

Ca doit être mon côté romantique qui les fait tomber, non comme des mouches, mais tels des papillons qui butinent une fleur.

Elles sont les papillons et moi la fleur...

Putain, termina -t-il en même temps que son verre, fier de lui. Si c'est ça c'est pas du romantisme, je rentre chez les moines et je reste a la veuve solitaire... Ah... Ah... Ah!....

Non, les gars, vous pouvez vous foutre de ma gueule, n'empêche que, moi, ce soir, je vais niquer. Et pas que ma thune et mon cerveau... 

Ah... Comment feraient-elles sans moi???"

S'apercevant que son ami ne participait que peu a sa liesse, il s'éclipsa après deux derniers verres et en sortant, comme nous le savons, il fut privé de son téléphone et de sa Golf par l'aimable maréchaussée, dans des circonstances un peu floues.

Premier hic, mais comme les hips, il en faut plus pour arrêter un Fred en marche. Il opta donc pour l'option transports en commun.

Même si le voyage en RER s'est déroulé paisiblement, il n'en n'était pas moins vert d'emprunter ce moyen de locomotion. Depuis combien de temps n'avait-il pas utilisé les services de la Ratp, il ne tenta pas même pas d'esquisser une réponse.

 Fiou... Trop longtemps!

Il arriva, tout de même, à provisoirement oublier le malencontreux incident avec la police, pour concentrer son esprit sur Juliette.

Délicieuse Juliette qui m'a appelé. Ah Juliette, tu ne vas pas être déçue. Non, je vais bien m'occuper

de toi...

En veux-tu? En voila! Me voilà !

Malheureusement, n'étant pas arrivé a la fin de ses déboires, la réalité éclipsa ses fantasmes. Alors qu'il changeait a Gare du Nord, pour prendre le métro (ça pue toujours autant ici!) et descendre à Château Rouge, il réalisa que, putain de bordel de merde, il avait négligé le fait que le post-it avec le numéro de la rue, le numéro de téléphone et le numéro de digicode (saloperies de numéros!) était logiquement collé au dos de son portable qui était resté dans cette PUTAIN d ecaisse!

Enculés de keufs! Merdasse de flicaille! Qu'ils gardent mes papiers, ma caisse, ce qu'ils veulent, ces connards. Mais qu'ils ne me cassent pas mes plans baise! Ah, les fils de putes! Ah, les pédérastes!

M'empêcher de dégorger le poireau! Me priver de tirer ma crampe! Me déposséder d'une schneck humide! MORT AUX VACHES, tiens!

Il alla noyer sa rage et son désespoir dans le premier troquet minable qu'il trouva Un petit bistrot, dans une petite rue, la façade ne payant pas de mine avec ,comme unique décoration extérieure, la crasse sur les murs, la licence IV et une vieille affichette jaunie indiquant la venue d'un obscur accordéoniste en tournée.

C'était le genre de bar, où lorsqu'on y pénètre, si on n'est pas un exclu, là, on le devient de fait.

Repaire de putes sur le retour, de vieux rebeus dont le seul signe d'intégration authentique est leur présence dans ce sombre boui-boui, d' obscurs gratte-papiers au col blanc maculé de transpiration, de cols bleus fatigués, tenu par un patron qui laisse le milieu y déposer ses bandits manchots.

Bref un lieu comme les affectionne Fred.

Au bout de trois demis au comptoir (dix balles le demi!), de plusieurs tournées de cacahouètes, il abandonna l'espoir de retrouver dans l'ordre tous ces numéros oubliés. C'est comme au loto, c'est jamais les bons qui sortent.

Son ventre alourdi de 10 pressions et sa fortune allégée de 10 sacs, Fred ne sait plus très bien où il est.

Alors, maintenant, vagabondant boulevard de Strasbourg, il n'a vraiment plus aucune idée sur rien, mais alors riiiiieeeeeceennnnn

C'est tout juste, s'il entre aperçoit les lascars qui s'approchent de lui, un tout petit peu excités....

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