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Le rôt ment
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13 avril 2007

Toujours la nuit : on nage en plein dedans !

Toujours la nuit : on nage en plein dedans !

Samedi 03h00,

Chez Gilles,

Dans le salon, sur un fauteuil:

Pourtant, il le savait Tim, il n’aurait jamais du venir, il était fatigué. Mais il est là, assis au fond de ce fauteuil, scotché. On ne le remarquerait quasiment pas tellement il ne fait qu’un avec lui. Ils d’ailleurs tous les deux la même teinte : pâle.

S’il est là, physiquement, Tim, on ne peut pas dire que son esprit soit lui aussi présent, au milieu de tous ces gens qui s’amusent,ou qui comme lui, comatent.

Pour l’instant, il se sent comme le spectateur immobile de ce qui se déroule devant lui. Il a l’impression d’être au cinéma sauf qu’au lieu de regarder un film assis dans une salle, il le voit de l’intérieur. Il est assis dans l’écran, invisible pour les acteurs, n’ayant aucune prise sur eux. Déconnecté du réel.

Pour se rassurer, pour se dire que ce n’est pas vrai, il essaie de communiquer avec un mec, assis pas loin, sur un autre fauteuil, dans un état apparemment aussi lamentable que lui, sweat à capuche rabattue sur la tête. Sans résultats. Tim tente d’ouvrir la bouche, y parvient, essaie de former des mots, n’y arrive pas.

Ne réussissant pas à capter l’attention de son voisin et collègue de fauteuil, il s’efforce d’attirer celle d’un groupe de pingouin, non loin de lui, en leur faisant des gestes. Mais, alors qu’il se rend compte de son impuissance à remuer les bras, il réalise du même coup que cela ne peut pas être des pingouins qui discutent.

Wouahou, pense-t-il, je suis bien raide, moi.

 J’hallucine grave, là. Des pingouins… Kesk’y m’arrive ? C’est à force de filmer des clébards que je vois des ping…

Non, vraiment faut qu’j’arrête tout, moi.

Sur ce, il ferme les yeux et son corps, chargé à bloc de gin et de shit, lui donne des frissons chauds partout, des pieds à la tête, puis, la sensation de décoller comme aux montagnes russe. L’impression stoppe net quand il rouvre ses yeux. Mais, devant lui, tout bouge, les gens, normal, mais aussi les meubles et les murs. Rien ne va plus, tout devient flou. Les couleurs s’estompent tel un vieux téléviseur à la luminosité réduite. Il referme se yeux. Nouveaux frissons brûlants.

 Pourtant, il le savait Tim, il n’aurait jamais du venir, il était fatigué. Heureusement, il n’avait pas terminé trop tard, au taf. Il avait pu passer chez Caroline juste après. Dire qu’il aurait pu rester chez elle à passer une tranquille soirée à deux : télé-calins, fornication, cigarette au balcon, puis quand la belle sera endormie, elle s’endort vite, un petit stick fumé en cachette dans les toilettes, fenêtre ouverte, puis, doucement la réveiller en l’embrassant et remettre ça, puis gentiment s’endormir dans ses bras….

Voilà, ce qu’il aurait du faire et si son téléphone n’avait pas sonné dix minues après son arrivée chez sa copine, c’est sûrement ce qu’il aurait fait.

« Allô, Tim ? C’est Fred. J’suis à bloc, j’sors de l’apéro avec des collègues de bureau, pastis à gogo… Tu sais la hot-line, c’est hot sur toute la ligne…

- Ah ? Salut Fred….

- Alors, tu fais quoi ce soir ? On s’rejoint chez Paulo, j’ vais là….

- J’sais pas trop, j’suis naze, là, j’sors juste du boulot, j’…

- Justement, gars, c’est le moment. Viens et ramène des nanas de ta télé. Ouais, de belles nanas télévisuelles, bonnes et surtout chaudes… Ouais, chaudes, mon pote. Bonnes et chaudes. Chaudes de la chatte !

- Hum… C’est pas vraiment comme tu crois, Fred. Puis, là, en plus j’suis chez Caro.

- Passe lui le bonjour de ma part, petit veinard. Embrasse pour moi sa fesse gauche. Smack….

- Arrête t’es con…

- Non, sérieux, ramène toi. Ca va être la teuf tu mois. Si t’y est pas, tu l’regretteras. Motive Caro, j’sais que tu sauras comment t’y prendre, vieux saligaud… Allez assure, viens !

- Ok, ok, je lui en parle…

- Cool, ça va être la TEUFFFFF !

- Bon, ben on s’rejoint chez Paulo, alors…

- Ben , tu vois, Tim, quand tu veux… Allez à plus, gars et as trop de cochonneries avant de venir… Salaud… Et n’oublie pas ton maillot… Ciao bello,..

- Salut. »

Et Tim en parla à Caroline, jolie brunette aux yeux bleus, étudiante en DESS de psychologie scolaire et pianiste émérite :

 «  Franchement, j’suis vannée. J’ai passé ma journée à jongler entre psycho, métro et piano. Alors, passer une soirée au milieu de tes toxicos de potes avec, en prime, en tête du peloton, l’autre espèce de pervers frustré de Frédéric, non, mon choux. Je préfère qu’on passe la soirée, ici, tous les deux.

- Attends, qu’est-ce que tu as dis sur mes meilleurs potes ? J’ai du mal entendre…

- Oh, fais pas l’ingénu, Timothée. Tu sais comme moi que tes potes, ce n’est pas vraiment ce que tu as de meilleur, mon biquet.

- Eh, c’est avec eux que j’ai fait mes plus belles, mes premières et les pires conneries. Et puis, je ne t’ai jamais parlé de tes copines, Hein ?

- Il ne manquerait plus que ça mon cœur. Non, reconnais-le, tu as passé l’âge de faire de conneries avec tes potes. Tu n’avanceras à rien avec eux ! »

Et là, ce fut trop tard, le point de non retour était atteint, celui de la discorde aussi. Même si c’est plausible que Tim et ses potes n’avancent pas des masses dans une direction ascendante et constructive lorsqu’ils se retrouvent (du moins aux jolis yeux de Caroline), la question n’est pas là, n’est plus là. Non, on ne parle pas ainsi des copains. Parce que sinon, les copines parlons-en : chochottes , coincées du cul, humour néant , préoccupations à deux balles, dépourvues d’intérêt les filles.

L’amitié supplante l’amour.

Chacun campe sur ses positions, le ton monte, l’écoute s’efface.

Puis, Tim est parti rejoindre ses potes pour faire la fête, non sans avoir récupéré son caleçon de bain, resté chez elle depuis leurs dernières vacances à la mer (ça faisait si longtemps ?!), laissant Caroline pleurer et lui recommander de prendre toutes ses affaires si  «  tes potes et leur délires de merde (l’) intéresse plus qu’ (elle) ».

Résultat : un nouveau problème à gérer pour Tim. Recoller les morceaux, comme à chaque fois, ou, pour une fois, casser pour de bon ; That is the question. La réponse viendra en temps et en heure.

Non, il le savait, Tim, avachi dans son fauteuil, il n’aurait jamais du venir. Déjà, un sale pressentiment l’avait traversé quand ils s’étaient paumés pour venir. Puis, sur place : la déception. Ayant déjà pas mal fumé, il ne pansait qu’à une chose : piquer une tête dans la piscine, histoire de se réveiller, d’avoir la patate pour la soirée. Ouais, il s’y voyait déjà, faisant des longueurs.

Alors, quand la première personne qu’il rencontra sur place, un vieux pote de lycée oublié, lui annonça que les crapauds étaient bien les seuls à en profiter de^puis longtemps, de la piscine. Tim fut vraiment dégoûté.

Pourtant, il le savait, il devrait être au pieu en amoureux avec Caroline et non pas ici à se bourrer la gueule au gin pour noyer dans sa mémoire la défunte piscine et finir, comme une larve, dans ce putain de fauteuil.

Il le savait. Pourtant, il est là, impuissant face au monde qui tourne (c’est le cas de le dire) autour de lui. Yeux ouverts ou fermés…

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