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Vendredi 20h30,
Banlieue proche et nord de Paris,
Studios Wistiti :
C’est la pause au studio
Mich’Druck’. L’animateur de l’émission doit emmener son co-présentateur faire
et ses besoins. Et oui, on a beau être une star du petit écran, on doit quand
même y être emmené.
Et
Jean-Ed, en toute star canine qu’il est, n’en reste pas moins, justement, canin
et rien ne remplacera jamais son lampadaire favori. Tandis que Germain conduit
le caniche derrière le bâtiment, l’équipe en profite pour souffler. Et Tim, il
souffle. Tirer des câbles, changer des bobines, tenir les spots, toutes ces
belles joies de l’assistance, ça fatigue.
En
plus, c’est plutôt un relou Germain avec son « Jean-ed et Germain vous en
souhaite bien… A demain, à deux pattes… ».
Tout
ça parce que c’est le cousin de la meuf du patron. Toujours à rechigner,
toujours à se plaindre que son clébard n est pas assez éclairé, est trop
éclairé, que le plan est trop serré,
que le plan est trop large.
Et
puis ce con de producteur (lui-même beau-frère du frère du boss) toujours à
acquiescer et à appuyer ses caprices. On se croirait à l’émission du type dont
c’est le nom du studio.
Bordel,
faut qu’ils arrêtent, c’es juste une émission pour et sur les clebs sur une
chaîne du câble.
Stoppez
tout là, c’est pas bon les gars de croire que ça assure ce que vous
faites : une télé pour les chiens. Ca s’invente pas ça comme concept, ou
alors si, mais on en a honte… Et ses cons là, ils en sont fiers, et tout le
monde devrait en être pareil sous prétexte que c’est l’esprit Wistiti qui prime
ici, c’est pas le boulot, coco…Dirait
Bob et pense Tim en se tirant du studio.
Il se dirige vers la sortie,
pressé de décompresser de tous ces cons pressés. Il s’arrête dehors, devant le
bâtiment, pour se fumer une petite clope à l’air frais de Paris. Il sort aussi
son portable, l’allume (ah, non, merde, il est déjà allumé. Putain,
heureusement qu’il n’a pas sonné pendant l’enregistrement…) et le voilà qui
sonne. L’écran s’allume et affiche le nom de
Djule
tandis que Tim coupe sa sonnerie (la Traviata) en acceptant l’appel
entrant :
«
Ouais … Salut vingt, ça va ?
- Hum, hum. Peinard. J’te
dérange pas là ?
- Non, ça l’fait. C’est
pile poil la pause, je fume une clope dehors. Le clébard est parti chier, au
moins y fait pas chier pendant ce temps là.
- Ah, ben moi, j’suis dans
le rère, à Palaiseau, là. J’vais chez Paul, tu nous rejoins ?
Hein ? Tu te souviens ? Ce soir :
pure ré-soi en perspective. T’es de la partie ?
- Bof, j’sais pas, j’suis
naze. J’ai dit à Caro que je l’appellerai peut-être pour qu’on s’voit ce soir.
Puis, j’sais pas à quelle heure je finis…
- Bref, t’es pas motivé.
Bouge un peu, remue-toi ! Et oh ! Ca va être mortel, viens…
Assure !
- C’est ce que tout le
monde me dit, je sais, je vais voir…
- Passe donc chez Paul, y
aura de quoi te remotiver ! Et ramène Caroline, si ça la branche.
- Bof, j’sais pas trop, tu
sais, Caro, les soirées…
- Mais t’es ouf, mon gars !
Ce soir, ce n’est pas une soirée comme « les soirées ». Non, tu
réalise, pas c’est « the » soirée... Rappelle toi, on pourra
s’baigner. J’ai déjà mon maillot…
- C’est vrai, c’est cool,
y a une piscine…
- Alors passe chez Paul…
- Ok, j’passerai…
Peut-être… Sinon j’appelle.
- D’acc, man ! A
plus, bosse bien… Et embrasse le chien.
- C’est ça, à plus. »
Tim
finit sa clope, hésite à appeler Caroline. Non, il éteint son téléphone et il
attendra un message de sa part, c’est mieux. Il écrase le mégot par terre, le
jette dans le gros cendrier de l’entrée. Remettant son portable dans sa poche,
passant devant, en souriant et un murmurant un bonsoir, une belle femme assise
dans l’entrée, Tim rejoint le plateau télé, précédant Germain portant le
caniche dans ses bras :
« Il a fait un bon
caca ? Oui … Hein… Qui c’est qui va faire de l’audimat ? C’est
mon Jean-Ed, mon toutou tout fou ! »
C’est dingue, observe Tim désolé. On vit vraiment dans un monde de
fous. Les gens ne savent pus ce qu’ils font, ils ne se rende même plus compte
de leur folie. Qu’est qu’on, qu’est-ce que je, fout là ?
Allez les gars, vous avez
raison. Allez les gars, c’est la teuf ce soir ! Ok, les gars, on pête
tout, on fait n’importe quoi !
Faisons tous n’importe
quoi !
Chacun pour soi et tous
ensemble dans la démence en toutes circonstances.
Refermant la porte du studio
derrière lui, Tim se demande où il va dénicher un maillot de bain, bien qu’un
caleçon serait préférable….