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Vendredi 20h00,
Paris, XVIIème,
Un bel appartement bourgeois :
En fond sonore, un bon vieux Wu
Tang Clan à l’ancienne. Dans la cuisine, Angèle et Svetlana regardent cuire les
pâtes. Dans le salon, autour d’une table basse où règnent verres et bouteille
de vodka, Samuel, bien installé dans le canapé tape la discut avec Steph, le
copain de la ricaine, Angèle, sous les yeux et les oreilles largués de Kristina
qui a du mal à comprendre toutes les finesses de la conversation
franco-parisienne de ces deux loustics.
Surtout
que vu ce qu’ils se sont mis dans la tronche depuis le temps qu’ils sont là, on
ne peut pas vraiment dire qu’elle soit fine, la conversation, mais bon, on s’en
fout. Tout qui Kristina qui s’en va rejoindre ses deux co-locatrices dans la
cuisine.
C’est
fou comme les préjugés ont la vie dure : les filles à la cuisine, les
garçons à l’apéritif dans le salon. Peut-être que ni en Russie, patrie de
Svetlana, ni aux States, ni au Danemark le MLF n’a jamais existé.
Toujours
est-il que Steph et Sam se perdent dans
les abîmes d’une discussion autour des différents spots de skate-board à Paris
et en banlieue. Quoi que ces derniers, Steph, étant skateur mais parisien pure
souche, il ne les connaît pas trop,
sauf bien sûr celui de La Défense, mais est-ce réellement en banlieue La
Défense ?
Puis,
les pâtes et les filles reviennent de la cuisine avec des assiettes et du
ketchup. Et tous, s’installent pour avaler ce plat international. Un petit
yaourt en dessert fait toujours l’affaire et, les gars occupés à rouler des
pets, les filles s’en vont faire la vaisselle.
«
Ouais, j’te jure, c’est un pur plan, la soirée. Faut pas louper ça, ça va
déchirer. Tu devrais venir aussi...
- Ben, ça craint pas si on
s’ramène à trop, avec les meufs on s’ra cinq en tout…
- T’es ouf ou quoi ?
Le mec qui fait la teuf, j'le connais on est plus ou moins à la fac ensemble…
Alors …
- Et c’est où, s’intéresse
Steph. C’est dans le 78. Au fin fond de la cambrousse, ça ? C’est pas trop
loin ?
- T’es dingue, même pas
trente bornes… Et puis, c’est pas vraiment la cambrousse avec des vaches et des
paysans, c’est plutôt fils à papa et belles poulettes. Non, franchement t’as
qu’à venir… T’as une caisse, non ?
- Ouais, ouais. T’as
raison, on fini les pétards et on y va… »
Là,
les yeux de Sam, bien que peu ouverts par la drogue fumée, s’écarquillent.
Cool, il a une caisse, c’est
de la balle. On va vraiment pouvoir y aller, même pas moyen de prendre le RER
pour se retrouver n’importe où au mieux dans un fourré fourré avec Svetlana, au
pire largué à Saint-Rémy, seul tout, sans plus aucun train. Mais y’a pas moyen,
ce gars là à une caisse. C’est la classe et c’est au bord d’une piscine qu’elle
me laisser lui ôter son nouveau joli maillot de bain vichy rose bonbon
(« ça c’est Paris »)… Allez, on fini ces pets et on est partiii….